En ce jeudi 23 août 2012, quoi de neuf en ce monde ??? Le 23 août 1927
les
militants anarchistes Sacco et Vanzetti
ont été exécutés dans la chaise électrique,accusés d’un crime qu’ils n’avaient pas commis, dans le pays de la liberté, du même pays qui a jeté 2 bombes atomiques, même qu'il a un camp de concentration dans l'île de Guantánamo devant le silence de tous les pays du monde.
Minuit vient tout juste de sonner. Dans la prison de Charlestown, près de Boston (État du Massachusetts) ce matin du 23 août 1927, deux hommes sont conduits au supplice. Ligotés par les courroies et crampons de la chaise électrique, ils mettront sept et cinq minutes à mourir sous la décharge barbare. Nicolas Sacco, d’abord, Bartolomino Vanzetti ensuite. Avant de succomber, « Bart », comme le surnommaient les enfants, réaffirme son innocence : « Je n’ai commis ni crime ni péché… Je pardonne à quelques-uns pour le mal qu’ils me font. »
Les deux compagnons sont des ouvriers immigrés italiens. Débarqués sur le sol américain en 1908, ils se connaissent depuis une dizaine d’années où ils militent ensemble dans des cercles anarchistes de la communauté italienne. Ils n’ont rien à voir avec le crime que la justice leur prête, l’assassinat dans la petite ville de Braintree, le 15 avril 1920, au cours d’une attaque à main armée, de deux convoyeurs de paie qui transportaient seize mille dollars. Sacco et Vanzetti sont innocents, mais ils sont anarchistes et fichés par la police comme agitateurs. Des « rouges », donc, et en cette période de violente crise sociale et économique, alors que soufflent les vents mauvais du racisme et de la xénophobie visant en particulier les immigrants originaires d’Europe centrale et méridionale, l’engagement politique et social des deux accusés sont bien plus qu’un indice aux yeux du procureur Katzmann et du juge Thayer qui préside les débats : une preuve irréfutable de culpabilité. « Leurs principes comportent le crime », dira même le juge au cours des assises tenues dans la paisible ville de Dedham, en Nouvelle Angleterre.
C’est à cause de leurs idées - qu’ils n’ont jamais reniées au long de leurs sept années d’emprisonnement précédant leur exécution - que meurent les deux militants. Et, c’est grâce à cette fidélité à leurs convictions qu’ils entrent ce 23 août dans la légende du mouvement ouvrier. Deux victimes d’une justice aveuglée par ses préjugés sociaux, d’une Amérique bourgeoise qui observe alors d’un oeil affolé l’écho soulevé dans les milieux intellectuels et dans le monde syndical la jeune révolution soviétique, et qui conçoit plus que jamais la contestation de l’ordre social comme un crime de droit commun.
Rien ne prédestinait ces deux immigrants à un tel martyre. Nicolas Sacco, né en 1891 dans un village des Pouilles, a quitté l’école à quatorze ans, pour travailler la terre. Mais il rêve de voyage et de fortune et s’embarque pour l’Amérique et Boston. Il y fréquente la diaspora italienne, est embauché dans une usine de fabrication de chaussures et fait la connaissance du groupe anarchiste Circulo di Studi Sociali, dont il devient en quelques années un élément actif. Meetings et collectes de fonds pour soutenir les grévistes partagent son temps et lui valent condamnations et amendes. Lorsque les États-Unis entrent dans la Première Guerre mondiale, en 1917, il s’exile quelques mois au Mexique pour échapper à la conscription. C’est aussi le cas de Vanzetti. Lui est né en 1888 dans un village du Piémont. Excellent élève, il n’a pu poursuivre ses études faute de ressources et a fait un apprentissage de pâtissier. Après la mort de sa mère il a marché jusqu’au Havre pour s’embarquer. Les petits boulots se sont succédé, mais aussi la lecture des auteurs révolutionnaires. Il se lie aux anarchistes, organise des grèves, appelle à la révolte contre le capitalisme et l’État. Jamais néanmoins il ne prend part à ces attentats parfois meurtriers, visant des hommes politiques, qui se développent alors dans un paysage de désespoir et d’extrême misère frappant des millions de travailleurs et leurs familles. La répression policière, voire militaire, les fusillades mortelles, les arrestations massives, les déportations (bannissements) s’abattent en cette période sur tout ce qui résiste. C’est dans ce contexte de violence exacerbée que Sacco et Vanzetti sont interpellés dans un tramway durant la soirée du 5 au 6 mai 1920, porteurs de tracts et de deux armes à feu. La police qui recherche toujours les auteurs du meurtre des convoyeurs ne tarde pas à accuser les deux militants. Sur la seule foi que Vanzetti porte la moustache et que l’un des assaillants, selon un témoignage grotesque, « marche comme un étranger » ! Le procès est une parodie de justice. Les alibis des accusés ne sont même pas vérifiés, les témoignages se contredisent, comme les experts en balistique. Le procureur requiert contre « l’insoumission » de Sacco et Vanzetti et en appelle au « patriotisme » des jurés. Sans aucune preuve, le 14 juillet 1921, les deux hommes sont condamnés à mort.
C’est alors que l’affaire va prendre toute sa dimension publique. Timidement d’abord, à travers les comptes rendus qu’en font, en France, le mois suivant l’hebdomadaire anarchiste le Libertaire et le journal de la CGTU la Vie ouvrière, puis l’Humanité qui, le 8 septembre, dénonce un verdict de classe. La protestation s’amplifie, des meetings et manifestations mêlant anarchistes et communistes se multiplient à Paris et en province. Le report de l’exécution est annoncé à la fin novembre. Suivront alors plusieurs années de batailles judiciaires. Mais les deux condamnés restent en prison et les dernières voies de recours semblent épuisées au début de l’année 1927. Entre-temps un gangster, Celestino Madeiros, a reconnu être l’auteur du hold-up avec deux complices. Pourtant le juge Thayer exclut toute réouverture du dossier. Pétitions et manifestations se succèdent, en Amérique latine, aux États-Unis, en Europe… Les ambassades américaines sont assiégées. De grands noms de la science et des lettres en appellent à la clémence. Des millions d’hommes et de femmes de toutes conditions et nationalités se joignent aux protestations. La police tire sur les manifestants à Londres, à Berlin et à Genève, les patrons licencient des charrettes de grévistes et de protestataires.
À Washington, le président Coolidge, puritain de choc, refuse la grâce. En France, l’affaire est suivie quotidiennement par l’Humanité. Jusqu’au fatidique 23 août, où l’assassinat des deux hommes occupe la totalité de la une d’une édition spéciale sous le titre « Électrocutés ! Le prolétariat les vengera ». « C’est le dernier mot de la « civilisation » capitaliste », écrit Vaillant-Couturier dans son éditorial. L’annonce de l’exécution provoque un ouragan d’indignation. Des foules immenses se rassemblent à New York, Detroit, Philadelphie… Les obsèques sont suivies par 400 000 personnes portant le brassard « La justice est crucifiée. Souvenez-vous du 23 août 1927 ». Quatre-vingts ans ont passé. L’inique procès n’a jamais été révisé. Sacco et Vanzetti ont, indirectement, été réhabilités en 1977, lors du cinquantième anniversaire de l’exécution, par la bouche du gouverneur du Massachusetts, Mike Dukakis, reconnaissant dans un communiqué qu’ils n’avaient pas bénéficié d’un procès équitable. Il y a dix ans, la ville de Boston a fini par inaugurer un bas-relief réalisé par le sculpteur Gutzon Borglum… dans les années trente. Il rappelle les paroles de Vanzetti espérant que leur cas apporte « une leçon aux forces de la liberté ». On n’oublie pas Sacco et Vanzetti. Et l’on pense à Mumia Abou Djamal, toujours enfermé dans le couloir de la mort de la prison de Philadelphie.
Voila encore un jour en ce beau monde…. Allez allez circulez il y a rien à voir.