dimanche 5 août 2012

Pour dénoncer "l'impunité" liée aux "crimes industriels", une chercheuse refuse sa Légion d'honneur


Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l'Inserm, figurait sur la liste des trente promus sélectionnés par Cécile Duflot, la ministre du Logement. Elle lui a écrit hier pour refuser sa Légion d'honneur.Un geste destiné à attirer l'attention sur "l'impunité qui, jusqu'à ce jour, protège les responsables de crimes industriels".

  "Ma démarche se veut un appel à la mobilisation citoyenne, mais aussi parlementaire et gouvernementale, pour le respect des droits fondamentaux à la vie, à la santé, à la dignité. Nous voulons être pris au sérieux lorsque nous donnons à voir cette dégradation des conditions de travail, le drame des accidents du travail et maladies professionnelles, mais aussi l'accumulation des impasses environnementales, en matière d'amiante, de pesticides, de déchets nucléaires et chimiques..."   

Spécialiste des cancers professionnels, et porte-parole de Ban Asbestos France, une association de lutte contre l'amiante, Annie  Thébaud-Mony évoque également  "la sous-traitance et le transfert des risques vers des populations très précarisées (maintenance, nettoyages, gestion des déchets)».

La chercheuse dont la carrière a été "bloquée pendant dix ans", plaide enfin pour que la recherche sur l'exposition aux cancérogènes au travail soit dotée des moyens financiers publics nécessaires et que les jeunes chercheurs qui s'y adonnent cessent d'être maintenus dans un statut précaire.