mardi 15 novembre 2011

En allemagne trois nazis tuaient en série depuis 11 ans


Sombres, le regard arrogant, leurs trois visages s’affichent sur toutes les couvertures de la presse allemande. Auteurs de crimes racistes en série, de meurtres et d’attentats restés inexpliqués qui ont fait une dizaine de morts et plusieurs dizaines de blessés depuis onze ans, trois nazis, deux jeunes hommes et une jeune femme, vivaient clandestinement depuis 13ans à Zwickau, en Thuringe, dans l’ex-RDA.

Ils ont été démasqués par un concours de circonstances, il y a huit jours. Lors d’un hold-up – une activité qui leur était sans doute coutumière –, dans une caisse d’épargne d’Eisenach, une ville de l’est de l’Allemagne.

Repérés après une fuite rocambolesque à vélo, les deux hommes, Uwe Mundlos et Uwe Böhnhardt, 34 et 38ans, se sont tiré une balle dans la tête dans leur camping-car blanc, après y avoir mis le feu. Puis Beate Zschäpe, leur complice, a fait sauter leur repaire à Zwickau – à 180km d’Eisenach –, avant de se rendre à la police. Hier, la police allemande a annoncé l’arrestation d’un complice, Holger G., 37ans, à Hanovre (nord) en lien avec cette affaire. Dans les décombres de la maison discrète où vivaient retirés ces trois silhouettes toujours habillées de noir, distantes selon leurs voisins, les policiers ont découvert une collection d’armes. Le pistolet notamment qui servit de 2000 à 2006 à l’exécution de huits vendeurs de kebab turcs et d’un commerçant grec à Nuremberg, à Munich, à Rostock, à Hambourg, à Kassel et à Dortmund. Des crimes en série attribués à l’époque par les autorités à des règlements de comptes dans le milieu.




Les trois nazis, nostalgiques de Hitler, pratiquaient en fait des exécutions racistes, estimant que « les actes valent mieux que les paroles ». Les enquêteurs ont retrouvé également l’arme qui servit au meurtre d’une jeune policière, Michèle Kiesewetter, abattue en 2007 dans le Bade-Wurtemberg, et dont on n’avait jamais retrouvé trace des assassins.

Dans un DVD découvert dans les décombres de leur domicile, les trois reproduisent la photo de la bombe à clous utilisée lors de l’attentat de Cologne, en 2004. Elle fit 22 blessés, dont plusieurs grièvement.

On croirait un roman noir, illustrant les dérives d’une jeunesse paumée, à l’est de l’Allemagne après la réunification, renouant avec la peste brune, et promouvant le NPD, le parti néonazi.

L’affaire choque d’autant plus l’Allemagne que les trois individus n’étaient pas des inconnus pour les autorités policières. Ils avaient disparu en 1998, après la découverte de leur laboratoire à bombe, un garage appartenant à Beate Zschäpe, recélant notamment 1,4 kilo de TNT. Le trio y avait préparé ses premiers attentats, ratés à l’époque, dont l’un devant le Théâtre de Jena. La police assurait avoir perdu toute trace. Le trio était replié à 84kilomètres de là ! Ils appartenaient au groupe néonazi des « Protecteurs de la patrie », étroitement surveillé par les services de renseignements à l’époque. Les soupçons s’expriment ouvertement aujourd’hui. Les trois nazis furent-ils volontairement oubliés, voire protégés ? Le Bundestag devrait se saisir d’une affaire qui pose des questions dérangeantes.