Il y a bien une nappe d'hydrocarbures étendue autour de la
plateforme Total d'Elgin, en mer du Nord. C'est ce qu'a constaté l'équipage du
Reine Juliana, envoyé lundi par Greenpeace à l'endroit où s'est produite une
fuite de gaz la semaine dernière. Cantonnés à l'extérieur de la zone
d'exclusion, à 3,7 miles de la plateforme, des scientifiques ont réalisé des
prélèvements d'air et d'eau de mer pour vérifier l'impact de l'accident sur l'environnement.
Si la torchère s'est éteinte samedi, écartant un risque immédiat d'explosion,
200 000 m3 de gaz s'échappent chaque jour de la plateforme.
"Nous regardons s'il n'y a pas dans l'eau de sulfure
d'hydrogène, très toxique pour la flore et la faune, et de méthane dans l'air,
qui provoque un danger respiratoire, explique Anne Valette, chargée de campagne
de Greenpeace France. Total assure qu'il n'y a pas de danger pour
l'environnement. Nous allons analyser ces prélèvements en laboratoire pour le
savoir."Les résultats ne seront pas disponibles avant la fin de la
semaine.
L'équipe dispose aussi de caméras infrarouges pour
identifier le point d'échappement de la fuite de gaz et la quantité qui se
déverse, mais n'est pas sûre de pouvoir s'en servir, à cause de l'éloignement
de la plateforme. "La triste ironie, c'est que Total présente cette
plateforme comme une référence mondiale de technicité. Même avec du bon
matériel, une expérience depuis les années 70 et des conditions climatiques
clémentes, des incidents arrivent et les secours mettent du temps, constate
Anne Valette. Or 37 compagnies s'apprètent à aller forer en Arctique. La bas,
sous la glace, les fuites peuvent durer plusieurs semaines ou plusieurs mois."
La priorité de Total est de réparer la fuite. L'entreprise a
demandé l'avis de l'Autorité de sûreté britannique avant d'envoyer une équipe
sur place pour réaliser un état des lieux. Deux scénarios sont envisagés pour
colmater le puits : le boucher en injectant des boues de forage à partir d'une
barge mobile (avec une équipe sur la plateforme) ou creuser deux puits de
secours pour détourner le gaz.Le directeur financier de Total, Patrick de la
Chevardière, a indiqué lundi que l'intervention coûtait "un million de
dollars par jour" au groupe.