mardi 3 avril 2012

Greenpeace constate les dégâts après la fuite de Total


Il y a bien une nappe d'hydrocarbures étendue autour de la plateforme Total d'Elgin, en mer du Nord. C'est ce qu'a constaté l'équipage du Reine Juliana, envoyé lundi par Greenpeace à l'endroit où s'est produite une fuite de gaz la semaine dernière. Cantonnés à l'extérieur de la zone d'exclusion, à 3,7 miles de la plateforme, des scientifiques ont réalisé des prélèvements d'air et d'eau de mer pour vérifier l'impact de l'accident sur l'environnement. Si la torchère s'est éteinte samedi, écartant un risque immédiat d'explosion, 200 000 m3 de gaz s'échappent chaque jour de la plateforme.

"Nous regardons s'il n'y a pas dans l'eau de sulfure d'hydrogène, très toxique pour la flore et la faune, et de méthane dans l'air, qui provoque un danger respiratoire, explique Anne Valette, chargée de campagne de Greenpeace France. Total assure qu'il n'y a pas de danger pour l'environnement. Nous allons analyser ces prélèvements en laboratoire pour le savoir."Les résultats ne seront pas disponibles avant la fin de la semaine.

L'équipe dispose aussi de caméras infrarouges pour identifier le point d'échappement de la fuite de gaz et la quantité qui se déverse, mais n'est pas sûre de pouvoir s'en servir, à cause de l'éloignement de la plateforme. "La triste ironie, c'est que Total présente cette plateforme comme une référence mondiale de technicité. Même avec du bon matériel, une expérience depuis les années 70 et des conditions climatiques clémentes, des incidents arrivent et les secours mettent du temps, constate Anne Valette. Or 37 compagnies s'apprètent à aller forer en Arctique. La bas, sous la glace, les fuites peuvent durer plusieurs semaines ou plusieurs mois."

La priorité de Total est de réparer la fuite. L'entreprise a demandé l'avis de l'Autorité de sûreté britannique avant d'envoyer une équipe sur place pour réaliser un état des lieux. Deux scénarios sont envisagés pour colmater le puits : le boucher en injectant des boues de forage à partir d'une barge mobile (avec une équipe sur la plateforme) ou creuser deux puits de secours pour détourner le gaz.Le directeur financier de Total, Patrick de la Chevardière, a indiqué lundi que l'intervention coûtait "un million de dollars par jour" au groupe.