dimanche 15 avril 2012

Des militants pro-palestiniens refoulés à Roissy


Plusieurs dizaines de militants pro-palestiniens ont manifesté dimanche à Roissy-Charles-de-Gaulle après s'être vu refuser leur enregistrement par des compagnies aériennes, leur nom figurant sur une liste de "personnes indésirables" communiquée par Israël. Les manifestants, arrivés dès 5 heures au terminal 1 de Roissy-CDG, souhaitaient embarquer, pour certains, à bord de vols Lufthansa et Swiss Air à destination de Tel-Aviv, afin de se rendre à Bethléem dans le cadre de l'opération "Bienvenue en Palestine". Ils ont été refoulés avant leur embarquement, conformément à une demande en ce sens des autorités israéliennes.

"Aujourd'hui, le check-point est à Paris !" ont scandé les manifestants, encadrés par plusieurs dizaines de CRS, avant de se diriger vers le comptoir de la compagnie Lufthansa pour demander une "attestation écrite officielle" leur expliquant les raisons de leur interdiction de vol. Certains agitaient des drapeaux palestiniens ou des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Roissy, territoire palestinien" ou "Paris aux ordres d'Israël !". "Notre mouvement est totalement pacifique. Mais malheureusement, on continue de nous considérer comme des fauteurs de troubles", a déploré Olivier Buchotte, l'un des organisateurs en France de "Bienvenue en Palestine", selon qui "plusieurs dizaines de personnes" se sont vu opposer un refus d'embarquement.

"On a l'impression que les frontières d'Israël se trouvent désormais à Roissy. C'est une atteinte à notre liberté de circulation", a-t-il dénoncé. Selon un sympathisant pro-palestinien, Romain Lauféron, une manifestation a également eu lieu à l'aéroport de Bâle-Mulhouse, où des militants se sont vu refuser l'embarquement à bord d'un vol Easyjet. "Nous avons bloqué le comptoir de la compagnie, en guise de protestation", a-t-il assuré. Les militants pro-palestiniens interdits d'embarquement avaient été avisés dès jeudi par les compagnies aériennes qu'ils ne pourraient s'envoler pour Tel-Aviv. Ils ont décidé de venir malgré tout dans les aéroports concernés, pour "dénoncer cette décision".

"On nous a prévenus, mais sans nous fournir d'explications", a assuré Sylvie Deplus-Ponsin, médecin de 63 ans, membre de la Ligue des droits de l'homme. "Je suis mère, grand-mère, je n'ai rien à mon casier judiciaire... Mon engagement est pacifique, c'est sans ambiguïté", a-t-elle ajouté, jugeant "incompréhensible" l'annulation de sa réservation. L'opération "Bienvenue en Palestine", mise en place pour la troisième année consécutive, consiste pour 1 500 militants, dont 500 à 600 Français, à se rendre à Bethléem, dans les territoires palestiniens, pour inaugurer une école internationale.

Lors de la première opération, en 2010, une centaine de militants, selon les organisateurs, avaient réussi à gagner la Cisjordanie. Mais Israël avait pris l'été dernier des mesures drastiques pour empêcher l'opération et avait réussi à dissuader les compagnies aériennes d'embarquer les militants au départ.