lundi 16 avril 2012

Pierre Lellouche accusé d'employer illégalement une femme de ménage sans-papiers


Une dizaine d’heures de ménage par semaine, une rémunération en grande partie en liquide et une seule feuille de salaire en quelques mois. Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, est soupçonné d’avoir employé une jeune femme mauricienne sans papiers sans la déclarer.

C’est Libération qui porte l’accusation ce lundi. Le ministre s’est  reconnu dans le  documentaire Les sans-papiers de la République diffusé sur Canal + le 2 avril, et dont Libération s’était fait l’écho dans ses colonnes. Pierre Lellouche, qui n’était pas cité dans le documentaire, a choisi de riposter en se dévoilant, pour mieux essayé de se dédouaner. «Elle travaille chez moi depuis quelques mois, et je l’ai toujours déclarée. J’ignorais qu’elle était en situation irrégulière», soutient-il auprès du journal. Sauf que la Mauricienne a été déclarée… le lendemain de la diffusion du documentaire de Canal+, comme en attestent cinq bulletins de salaire, d’octobre 2011 à février 2012, tous datés du 3 avril.

Un membre du cabinet de Pierre Lellouche s’attribue alors l’erreur: «Tout est de ma faute», indique-t-elle à Libération, «j’ai été négligente. J’ai envoyé les déclarations Urssaf en retard».Bin voyont et la marmotte …..Cependant, d’après la CGT Paris, la jeune femme n’est pas employée depuis «quelques mois» comme le prétend le secrétaire d’Etat, mais depuis 2009 et «sous alias». Cette «technique très répandue chez les sans-papiers» consiste à «déclarer une personne en règle, celle-ci reversant ensuite la somme en liquide à celle qui a effectivement travaillé», explique Libération.

Pierre Lelouche dément formellement ces allégations. «Toute cette histoire n’est qu’une manipulation grossière dont on voit bien la finalité à une semaine de l’élection présidentielle», proteste-t-il. «Comment pourrait-on imaginer qu’un homme public comme moi prendrait le risque de ne pas déclarer sa femme de ménage, tout ça pour 160 euros par mois?»

La CGT n’entend pas en rester là, et envisage d’intenter une action devant les prud’hommes pour «non-versement des cotisations salariales lié au travail dissimulé». Quant à la jeune femme, sa demande de régularisation est en cours d’examen. Et après dix ans de présence de présence sur le territoire, sa requête pourrait bien être validée.