jeudi 12 avril 2012

L'armée française visée par une plainte après la mort de migrants


Plusieurs rescapés du naufrage d'un bateau qui avait causé la mort de 63 migrants en 2011 au large de la Libye ont déposé plainte contre X ce mercredi pour «non assistance à personne en danger», mettant explicitement en cause l'armée française.

La plainte a été déposée auprès du Tribunal de grande instance de Paris au nom de quatre survivants, soutenus par une coalition d'ONG, dont la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) et le Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti).

Ce dépôt de plainte survient deux semaines après la publication d'un rapport de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) qui pointe la responsabilité de l'Italie et de l'Otan dans la mort de ces réfugiés.

Le 27 mars 2011, quelques jours après le début de l'intervention militaire internationale en Libye, 72 migrants d'origine africaine montent à bord d'une fragile embarcation dans l'espoir de rallier les côtes italiennes.

La situation se détériore rapidement à bord du zodiac qui dérive plusieurs jours avant d'être finalement rejeté sur les côtes libyennes le 10 avril. Au total, 63 personnes sont mortes, dont 20 femmes et 3 enfants, dans une zone largement surveillée et patrouillée par les membres de l'Otan participant à l'opération en Libye.

«Alors que beaucoup de navires ou d'hélicoptères des troupes de l'Otan patrouillaient à proximité, personne n'est venu au secours de ces gens qui sont décédés dans des circonstances particulièrement atroces», a indiqué Patrick Baudouin, président d'honneur de la FIDH, lors d'une conférence de presse à Paris.

«Ces personnes pouvaient aisément être sauvées. Il y avait un hélicoptère qui a survolé le bateau et qui a même fourni quelques litres d'eau et quelques aliments et cet hélicoptère est parti comme si de rien n'était. C'est tout à fait inadmissible, la justice est là pour essayer de déterminer qui sont les responsables.»