Le policier jugé pour avoir tiré avec un «lanceur de balles
de défense» (LBD), un «super flash-ball» alors en expérimentation, sur un
adolescent de 17 ans qui avait perdu l’usage de son œil droit a été relaxé par
le tribunal correctionnel de Nantes (Loire-Atlantique). Le lycéen avait été blessé lors d'une
manifestation dans la ville en 2007 contre la réforme des universités.
Le juge a suivi le raisonnement du substitut du procureur de
la République qui avait estimé qu'il y avait bien un «état de causalité certain
et direct» entre le tir de flash-ball du fonctionnaire et la blessure à l'œil
du lycéen, mais que le prévenu bénéficiait également d’une «irresponsabilité
pénale» car il a tiré sur ordre de son chef, une «autorité légitime» au regard
du Code pénal, dont l'ordre n'était pas «manifestement illégal».
L'avocat du policier, Laurent-Franck Liénard, a salué «une
décision juste et conforme en droit». Son client «avait respecté un ordre
logique et légitime. Il est normal que la justice le relaxe.» Malgré les doutes
concernant l'imputabilité du tir au fonctionnaire mis en accusation, l'avocat a
estimé qu'il s'agissait d'une «différence d'appréciation» et qu'il n'allait pas
faire appel d'une relaxe.
De son côté, Pierre, la jeune victime, s'est déclaré «plus
révolté que jamais». «On ne lâchera jamais. C'est révélateur du climat
d'impunité absolue de la police française. C'est une décision injuste pour moi,
pour toutes les victimes (de tirs de flash-ball), les amis des Droits de
l'homme», a-t-il ajouté.
Le père de l'adolescent, Luc Douillard, a annoncé qu'il
avait lancé un recours devant le tribunal administratif: «C'est ça qui est
important. On va pouvoir mettre en cause la responsabilité de toute la chaîne
de commandement, y compris celle du préfet, c'est beaucoup mieux. Ici (devant
le tribunal correctionnel, ndr), on était bridé, on ne pouvait parler que du
tireur.»
Ce «procès du flash-ball» est le premier de ce type en
France, alors que plusieurs autres victimes ont été répertoriées depuis 2005.
En mars 2010, la Commission nationale de déontologie de la sécurité avait
estimé que cette arme présentait «un degré de dangerosité totalement
disproportionné».