En ce 11 novembre nous voulons rendre hommage aux victimes de la boucherie de 14-18… et à celles de toutes les guerres, actuelles et passées, sacrifiées sur l’autel du capitalisme au nom du nationalisme. Pour rendre hommage à tous les insoumis, déserteurs et pacifistes d’aujourd’hui et d’hier. Mais aussi pour dénoncer l’armée en tant qu’institution, ainsi que l’avancée du militarisme dans les structures économiques, dans l’éducation et dans le contrôle de la société dans son ensemble.
L’arméé, c’est l’insecurité
Cette institution demeure un danger permanent qui pèse sur chacun de nous, en tant qu’individus, mais aussi sur toute la collectivité et en particulier sur le mouvement social, parce qu’elle est et a toujours été le dernier rempart, l’ultime recours armé de l’État et du patronat, en cas de révolte sociale. Plan Vigipirate banalisant la présence de bidasses armés jusqu’aux dents dans les transports urbains, les gares et certains quartiers… participant ainsi au contrôle des populations sous prétexte de lutte contre le terrorisme. Entraînement militaire contre les insurrections populaires, un savoir-faire proposé il n’y a pas si longtemps par la France à Ben Ali. L’histoire sociale n’est qu’une suite d’exemples sanglants de la nocivité intrinsèque de l’armée : de la Commune de Paris à celle de Kronstadt, des conseils ouvriers d’Allemagne ou d’Italie aux révolutionnaires espagnols, du Chili à la place Tian An Men, la liste est interminable, sous les ordres de la «gauche» ou de la «droite». Une instruction datée du 3 mai 2010, rédigée avec le concours des ministères de l’Intérieur et de la Défense par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), évoque la mobilisation de 10.000 hommes en cas de «crise majeure». Ces hommes pourraient être également utilisés dans les quartiers dit « sensibles », où la rénovation urbaine en cours vise à faciliter les interventions policières, mais aussi éventuellement militaires.
Propagande militariste généralisée
Un matraquage publicitaire particulièrement cynique (« devenez vous-même.com ») continue de déferler dans les rues et sur les écrans, financé par nos deniers, en vue du recrutement des jeunes qui parfois se laissent tenter. Les temps s’y prêtent : un jeune sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. Poussant notamment, selon Sud étudiants, 50.000 étudiant-e-s à se prostituer. Cette misère des jeunes est une aubaine pour les sergents recruteurs : sur les 15 000 postes prévus, 12 000 sont réservés à des jeunes sans qualification, promis à l’ambitieux statut de… militaire du rang. Rappelons à cette jeunesse tant convoitée par les vautours en kaki que l’armée est l’école du crime, car c’est la soumission totale de l’individu aux ordres de la hiérarchie. La contrepartie essentielle de la paye versée au soldat, c’est l’abdication totale du libre-arbitre, notamment si on lui ordonne de tirer, de tuer ou de se faire tuer (le contrat appelle cela « donner sa vie à la république », nous disons plutôt au capital). L’armée est une institution hiérarchisée au sein de laquelle chaque individu est modelé à force de pression psychologique et d’astreinte physique. Le but étant de produire un modèle unique de militaire obéissant aux objectifs. Dans une société sécuritaire encadrée par le management au service du pouvoir capitaliste et étatique, l’enjeu du militarisme n’est pas seulement de fournir un bras armé, mais aussi un modèle social. Les programmes d’éducation civique lui donnent toute sa place. Quinze centres à encadrement militaire pour mineurs sont mis en place pour 2012 ! La «socialiste» Royal s’indigne : elle a eu l’idée avant… Mariton propose aussi d’imposer à la jeunesse un «serment d’allégeance aux armes» – relooké, au vu du tollé suscité, en «engagement loyauté» par Copé. Drôle de «cohésion nationale», si légitime qu’il faudrait l’imposer à la jeunesse aux forceps de la contrainte légale. Ecole et armée républicaines, même combat ! Obéir aux chefs, sergents ou patrons, c’est renier notre légitimité à agir par et pour nous-mêmes.
L’armée, couteuse et polluante
La chose militaire pollue, et pas que les esprits, il suffit de songer aux essais nucléaires, et à toutes les saletés qui ont été fabriquées et le sont encore : armes chimiques, bactériologiques, munitions à uranium appauvri etc… Les irradié-e-s et les mutilé-e-s pour cause de mines antipersonnel, militaires et civil-e-s, en sont encore radieux… Sans parler du gaspillage effarant d’énergie fossile (avions de chasse…). Le monde a consacré 1 630 milliards de dollars au secteur militaire en 2010. Soit 59 % deplus qu’en 2000. Ce n’est pas la « crise » pour tout le monde, et si les États-Unis représentent à eux seuls 43% de ce budget mondial, la France est en bonne place dans cette course à la « rigueur » avec la bagatelle de 65 milliards de dollars consacrés à l’armement, soit 1000 dollars par habitant. Le budget, en augmentation pour 2012, consacre encore plus de pognon à l’équipement et à la «recherche et développement». L’innovation dans le meurtre de masse continue ainsi d’être le fer de lance de la «croissance économique». Le capitalisme porte la guerre comme les nuées portent l’orage..
Le capitalisme, c’est la guerre permanente de tous contre tous.
Car derrière toutes les guerres et leurs hypocrites alibis, se cachent toujours les intérêts capitalistes, les prétentions impérialistes et les appétits militaristes. Contrôle à tout prix des matières premières par les multinationales, avec présence française en Afghanistan aux côtés des troupes américaines et anglaises, multiples bases de l’armée française en Afrique et interventions régulières sur ce continent (Tchad, Rwanda, Côte d’Ivoire, Libye…). Avec soutien logistique et matériel aux États, y compris contre leurs propres populations locales révoltées, s’il faut les réprimer. L’accord franco-anglais, envisageant la création d’une force militaire conjointe de plusieurs milliers d’hommes, mobilisables pour des opérations extérieures bilatérales ou sous drapeaux de l’OTAN, de l’ONU ou de l’Union européenne, a eu son petit terrain d’expérimentation en Libye. Par la terreur et les bombardements de civils, un nouveau gouvernement à la solde du patronat européen et notamment français a évincé le dictateur Kadhafi… pour confisquer leur révolution aux révolté-e-s. Et le choix du conflit armé contre l’Iran se précise. Si les grandes puissances capitalistes souhaitaient réellement endiguer le «terrorisme», il leur suffirait de consacrer aux infrastructures, hôpitaux et écoles, le budget dévolu aux interventions militaires. C’est que la guerre ça rapporte : aux multinationales de l’énergie, des matières premières et de l’armement, qui en France contrôlent une grande partie des médias (dont des éditions de manuels scolaires), sans parler de leurs liens affichés avec le Pouvoir. Au nom des « intérêts de la France », ou de la « démocratie contre le terrorisme », c’est un avenir de mort et de misère qui s’offre à tous les peuples opprimés.
Aujourd’hui comme hier et demain, les anarchistes ne cesseront jamais de dénoncer et de lutter contre les marchands de canons, les armées, les nationalistes, les États et les systèmes économiques générateurs d’oppression sociale et de logique guerrière. C’est aux mouvements populaires qu’il appartient, ici et maintenant, de s’organiser et de se défendre contre l’oppression militaire et capitaliste.
PAS DE GUERRE ENTRE LES PEUPLES
PAS DE PAIX ENTRE LES CLASSES !
Sources : Groupe Pavillon Noir