Blousons en cuir, crânes rasés ou cheveux ras, et parapluie
ou casque de scooter à la main en cas de bagarre... Impossible de manquer les
membres de l’Union défense de la jeunesse (UDJ) – vitrine du Groupe union
défense (GUD) –, massés sur le trottoir en face du centre Assas, l’une des
antennes de l’université Paris-II, mercredi 28 mars.
Ils sont ici pour les élections des représentants étudiants
aux conseils centraux, organisées tous les deux ans dans les universités
françaises. Pour la première fois depuis cinq ans, l’UDJ présente une liste au
Conseil des études et de la vie universitaire (Cevu) d’Assas, avec pour
objectif d’avoir au moins un membre élu.
Mais le retour des Gudards dans leur bastion historique
n’est pas vu d’un très bon œil. Beaucoup craignent des débordements. En
témoignent les deux fourgons de police garés rue d’Assas et le soin méticuleux
avec lequel les cartes étudiantes sont vérifiées à l’entrée de l’université.
A midi, en pleine séance de tractage, les étudiants des
autres associations en lice pour les élections déplorent la présence de l’UDJ.
Enora Hamon, secrétaire générale de la Confédération étudiante (Cé), réfute
l’argument démocratique : « La liberté d’expression oui, mais il faut respecter
les valeurs de la République, parmi lesquelles l’ouverture. Pour moi ça n’est
pas respecté par l’UDJ. »
Pour Victoire Ponsot, membre de l’association Erasmus,
présente sur la liste Cap2 : « Le problème c’est que ce sont des étudiants
inscrits en capacité, qui ne suivent pas les TD. Ils ne sont pas actifs, et ne
peuvent donc pas réellement représenter les étudiants d’Assas. »
L’ambiance est tendue. Les membres de l’Union des étudiants
juifs de France (UEJF), groupés devant l’entrée, jettent des regards inquiets
vers ceux de l’UDJ. Jonathan Hayoun, président de l’UEJF, explique : « Ils nous
prennent en photo. On est sous pression. »
Pour lui, la présence de l’UDJ à ces élections met d’autant
plus mal à l’aise qu’elle survient après le drame de Toulouse. « Les juifs se
sentent actuellement menacés en France » explique-t-il.
A ses côtés, Sacha Ghozlan, président de l’UEJF à Assas,
résume la situation : « Je vois une quarantaine de personnes affiliées au GUD,
je vois des CRS. Or, étudier, ça ne se fait pas dans la peur. »
Edouard Klein, président de l’UDJ, nie, lui, toute forme
d’intimidation et de violence de la part de son organisation. Mais comment justifie-t-il,
alors, la présence des forces de l’ordre devant l’université aujourd’hui ? « Il
y a des policiers pour protéger les étudiants parce qu’il y a toujours des
violences de la part de l’extrême gauche. »
C’est également pour cette raison que, selon lui, les « rats
noirs » ont revêtu leur panoplie : « Le cuir, comme le casque, permettent de se
protéger des coups des mecs de l’extrême gauche. C’est ce qu’on vit au
quotidien. » Il ajoute : « Nous, on ne provoque jamais. »
Et pourtant, quelques instants plus tard, un homme qui
assistait à mon entretien avec Edouard Klein me menace. Me voyant rester devant
l’université, un autre homme, crâne rasé, blouson en cuir et lunettes de
soleil, me prévient : « Casse-toi tout de suite sinon ça va dégénérer. »
Le retour des « gentlemen fascistes » à Assas se termine sur
un échec. Avec 3,4% des voix, il n’a aucun membre élu au Cevu. Le GUD ne fait
peut-être plus « partie des murs », comme il le clamait encore haut et fort
mercredi.
Source : Rue 89