Un an après le début d’un soulèvement sans précédent, réprimé dans le sang, les détenus syriens sont confrontés "à un monde cauchemardesque de torture systématique" qui ramène le pays des décennies en arrière, dénonce Amnesty International dans un rapport.
En Syrie, la situation "est désormais semblable à celle vécue par les détenus sous l’ancien président Hafez al-Assad – un monde cauchemardesque de torture systématique", affirme le porte-parole d’Amnesty au Moyen-Orient, Ann Harrison.
Le rapport de l’organisation se fonde sur les témoignages d'anciens détenus recueillis dans des camps de réfugiés jordaniens, selon lesquels les violences commencent dès leur arrestation, et monte crescendo dans les centres de détention : les opposants sont alors "frappés avec des bâtons, des crosses de fusil, des fouets, des poings, des câbles", précise Amnesty.
La violence atteint son paroxysme au cours des interrogatoires : "Plusieurs survivants ont raconté la pratique du ‘dulab’ (pneu en arabe, ndlr), durant laquelle la victime est coincée dans un pneu – souvent hissé en hauteur – et battue", poursuit l’organisation. Les détenus sont également soumis à des chocs électriques, voire violés. "L’officier l’a violé contre le mur, Khaled pleurait, en frappant sa tête contre le mur", relate Tareq, qui a été contraint d’assister au viol de l’un de ses codétenus.
Dans son rapport, Amnesty International recense pas moins de 31 méthodes de torture systématique encouragées par le régime syrien. Et atteste que des "crimes contre l’humanité" sont commis en Syrie. "L’ampleur de la torture et des mauvais traitements a atteint un niveau jamais vu pendant des années et rappelle l’ère sombre des années 1970 et 1980", poursuit l’organisation.