En ce vendredi 9 décembre 2011, quoi de neuf en ce monde ??? Dans son nouveau rapport publié mercredi 7 décembre, l'Observatoire international des prisons (OIP) déplore une recrudescence des suicides dans les prisons depuis le début de 2011, ce malgré les plans de soit disant prévention mis en œuvre ces dernières années. Sur les huit premiers mois de 2011, 82 détenus ont mis fin à leurs jours contre 73 un an plus tôt, une hausse de 12%, précise ce rapport sur "les conditions de détention en France", citant des chiffres de la Direction de l'Administration pénitentiaire (DAP) qui n'ont pas été rendus publics. Sur les dix premiers mois de l'année, 97 détenus se sont donné la mort, une hausse de près de 8% (90 un an plus tôt), a précisé l'OIP à l'AFP.
Les détenus se suicident six fois plus que les hommes libres âgés de 15 à 59 ans, constatait fin 2009 l'Institut national d'études démographiques (Ined). L'OIP regrette que l'Administration pénitentiaire se concentre sur les "facteurs individuels et familiaux", troubles de la personnalité et pathologies psychiatriques, conduites addictives, antécédents de violence, isolement affectif et familial par exemple, pour expliquer le grand nombre de suicides chez les détenus. Cette "focalisation" conduit selon l'association à "relativiser l'impact des facteurs judiciaires et pénitentiaires", "surpopulation" carcérale, "déficit de communication et déliquescence du lien social".
Parallèlement, l'Observatoire alerte de la "faiblesse chronique des moyens humains mis à la disposition" des services pénitentiaires d'insertion et de probation. L'OIP se demande donc si le développement des aménagements de peines ne vise pas en premier lieu à "désencombrer les prisons", plutôt qu'à promouvoir la réinsertion des condamnés. Elle s'inquiète du projet de construction de structures spécifiques pour les personnes condamnées à de courtes peines, dans lequel elle voit "un renoncement à la politique d'aménagement des courtes peines de prison", qu'avait pourtant renforcé la loi pénitentiaire de 2009.
L'OIP observe par ailleurs que cette loi érige la prévention de la récidive comme "mission première" de l'AP, "tout en apportant un cadre légal à une pratique s'inscrivant fondamentalement dans une démarche opposée", la généralisation de "régimes différenciés" de détention, en fonction du profil des condamnés. L'association dénonce les "conditions artisanales" de l'introduction d'outils d'évaluation des détenus (visant à déterminer leur dangerosité, vulnérabilité, risque suicidaire).
En fonction des résultats, les détenus sont affectés dans une unité plus ou moins sécurisée (fermeture ou ouverture des portes des cellules en journée, possibilité de prendre ses repas seul ou avec des codétenus, accompagnement par un surveillant lors des déplacements dans la prison ...)."Le système fonctionne en boucle: les détenus du régime fermé auront plus difficilement accès à un travail ou un aménagement de peine", observe l'OIP, jugeant ce dispositif "antinomique avec une logique éducative et de prévention de la récidive".