Le sénateur-maire d’Audincourt a annoncé, hier matin, sa décision de ne pas autoriser la tenue d’un concert du groupe de rap Z.E.P. mercredi prochain, programmé dans le cadre de la soirée organisée par le « Collectif antifasciste » dans la salle de spectacle du Studio des 3 Oranges. Au même moment, le collectif tenait une conférence de presse pour confirmer la venue de ce groupe controversé à cause de sa chanson Nique la France.
Martial Bourquin a fait savoir que « le concert de Z.E.P ne se tiendra pas » pour des raisons liées à la fois « aux risques de troubles à l’ordre public », d’une part, et, d’autre part, à ses divergences de valeurs avec ce groupe. « Il y a ce soir-là, à proximité, une cérémonie de remise de médailles qui réunira entre 400 et 600 personnes. Je ne peux pas faire en sorte que la sécurité soit assurée si ce concert se tenait. Je ne peux pas prendre de risques de troubles à l’ordre public. Aussi, j’ai décidé en accord avec la municipalité de ne pas autoriser la tenue du concert du groupe Z.E.P », a expliqué Martial Bourquin, qui ne souhaite pas non plus, par-dessus tout, « voir Audincourt se transformer en champ de bataille », entre les partisans du groupuscule d’extrême droite « Front Comtois », qui ont appelé à un rassemblement à 17 h à Audincourt, et leurs opposants antifascistes. Surtout que le lendemain doit se tenir, au tribunal de grande instance de Montbéliard, le procès en incitation à la haine raciale intenté par le collectif contre le « Front comtois ». Un mouvement qui, de l’avis du « Collectif antifasciste » du pays de Montbéliard, constitué d’une dizaine de partis, syndicats et associations de gauche, « distille des idées nauséabondes qu’il est impératif de combattre », comme l’a rappelé, hier, son porte-parole Cyril Keller, secrétaire de l’Union locale CGT.
ZEP - La gueule du patrimoine
Le collectif affirme « partager de nombreux combats » avec Z.E.P, notamment contre les expulsions de familles de sans-papiers et regrette « que le groupe soit réduit à deux phrases, sorties de leur contexte et instrumentalisées par des racistes et des groupes de pression ».
En maintenant la programmation de ce groupe, le collectif affirme sa volonté de se battre « résolument pour la liberté d’expression et la création artistique ». Pour sa part, Martial Bourquin affirme au contraire « ne pas se reconnaître » dans les idées du groupe Z.E.P. « Nique la France, ce n’est pas mon truc, ni se torcher dans le drapeau français ! On ne répond pas à la haine par une incitation à la haine ! »
Le maire socialiste, qui est par ailleurs « solidaire de la plainte du collectif », contre le Front comtois, rappelle qu’Audincourt « est une ville qui fête la paix, le 21 septembre, Journée mondiale de l’ONU, une ville qui a un espace Gandhi ». Pour le premier magistrat, « il eut été préférable que ce soit le collectif qui prenne la décision de déprogrammer Z.E.P comme il l’avait annoncé jeudi ».
Puisque tel n’a pas été le cas, le collectif mettra-t-il à exécution sa menace d’engager un bras de fer judiciaire avec le maire d’Audincourt ? En attendant, il appelle toutes les bonnes volontés à se retrouver jeudi, à 8 h 30, au tribunal de Montbéliard, avec café et croissants…