mercredi 11 avril 2012

Grève de la faim pour un détenu du CRA de Calais (Coquelles) (62)


Le 4 avril dernier, un iranien a commencé une grève de la faim au centre de rétention de Coquelles (Calais). Il doit être déporté en Hongrie (1) un pays où il n’a jamais été – selon les accords Dublin II. Il refuse de manger jusqu’à sa libération ou sa mort. Il demande justice.

Son état se détériore et jusque hier (7 avril) il refusait également de boire. Tandis que l’infirmière du CRA (2)  ne veut faire aucun commentaire sur son état de santé, les activistes de Calais Migrant Solidarity qui lui ont rendu visite disent qu’il est pale, faible et pris de vertiges.

Les officierEs de Coquelles refusent d’admettre que la grève de la faim est un acte politique. Ils la faire passer pour de la folie. Ils ont également refusé que les visiteurEs le voient avec son ami anglophone (qui aide à la traduction). Sa liberté d’expression est donc entravée, oppression supplémentaire.

Il est détenu depuis 23jours, mais cette détention peut durer jusqu’à 45 jours sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui (seulement sa situation administrative). Il décrit dans une lettre à celles et ceux qui se trouvent à l’extérieur du centre ce qu’est la rétention à Coquelles : « Je vis les mêmes oppressions physiques et psychologiques qu’en Iran, bien qu’il [le gouvernement français] s’autoproclame défendeur des droits humains. Est-ce que ce sont des droits humains de nous mettre en prison et de nous traiter comme des animaux ?... »

Les autorités hongroises emprisonnent presque sans exception touTEs les demandeurEs d’asile qu’elles « reçoivent », pouvant les détenir jusqu’à 12 mois. Elles emprisonnent aussi ceux et celles qui ont été déportéEs en Hongrie selon les accords de Dublin II. Le comité Helsinki (3) a rendu compte de cas d’automutilation et de violences policières récurrentes à l’intérieur des CRA4 <#sdfootnote4sym>.

Cette grève de la faim n’est pas un cas isolé. Partout dans le monde des personnes sans papiers refusent de s’alimenter pour protester contre la répression et les détentions à répétition qu’ils subissent. En Belgique, 23 personnes sans papiers en sont à leur 83eme jour de grève de la faim (5) . Historiquement, les grèves de la faim ont souvent été utilisées comme des formes de protestations intéressantes pour mettre en lumière la répression et l’injustice.

L’oppression systématique des personnes sans papiers est une réalité quotidienne en Europe. Cette personne a fuit l’Iran pour rester en vie et a souffert en détention en France ; si il est déporté en Hongrie, il va continuer à vivre sans liberté. Son état de santé se détériore tant que sa grève de la faim continue. Il espère que les gens ne vont pas l’oublier.

Calais Migrant Solidarity

Pour plus d’informations et des lettres de soutien:



(1) Dublin II Regulation 2003 http://europa.eu/legislation_summaries/justice_freedom_security/free_movement_of_persons_asylum_immigration/l33153_en.htm  (loi relative a la circulation des migrantEs)

(2)  Centre de rétention administratif = prison pour personnes sans papiers.

(3) Comité hongrois de soutien aux migrantEs et d’observation de la détention.

(4) Hungarian Helsinki Committee, Stuck in Jail: Immigration Detention in Hungary (2010), April 2011, available at: http://www.unhcr.org/refworld/docid/4ed77ea72.html [accessed 7 April 2012]

(5)  http://www.lesoir.be/debats/cartes_blanches/2012-04-04/faire-greve-de-la-faim-ce-n-est-pas-du-chantage-907102.php