dimanche 25 mars 2012

Boneheads : l'expédition punitive dans les rues de Calais avait avorté


Il y a des signes qui ne trompent pas : les garçons qui se trouvaient à la barre avaient des tenues très particulières, notamment des pantalons de camouflage paramilitaires, des rangers rutilantes et un crâne bien rasé. Une vraie carte d'identité même si un autre annonçait clairement la couleur en arborant un T-shirt marqué « Skinheads France ». Un mouvement qui cultive le racisme et la xénophobie. Et dont les membres se réclament.

Rien d'étonnant alors à ce qu'ils se soient retrouvés le 10 décembre à Calais, pour venger l'un des leurs qui affirme à la barre : « La semaine précédente, quatre migrants m'avaient tendu un guet-apens et ils m'ont roué de coups. J'ai porté plainte mais je n'ai jamais eu de nouvelles. La police ne fait pas son travail ». C'est sans doute pour cela qu'ils ont décidé de se faire justice eux-mêmes et organisé une expédition punitive, battant le rappel d'autres membres du mouvement. Ils se sont ainsi retrouvés à quatorze à arpenter les rues pour retrouver les fameux agresseurs.

Ou « des personnes qui leur ressemblent », ajoutera le président. Leur présence a été signalée et l'arrivée de la police a fait fuir la majeure partie de la bande. Seuls cinq d'entre eux ont été interpellés, qui se sont retrouvés mardi au tribunal. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils étaient ce jour-là porteurs « d'arguments » de poids comme une masse, une batte de base-ball, un coup de poing américain et un couteau. « En France, il est interdit de se retrouver à plusieurs pour s'apprêter à commettre ce genre de violence. Ces arrestations ont sans doute permis d'éviter le pire car s'ils avaient rencontré ceux qu'ils recherchaient, tout cela aurait pu se terminer aux assises », dira le procureur. Pour cette fois, l'aventure s'est terminée par une condamnation à une peine de six mois avec sursis pour les cinq protagonistes de l'affaire. Interdiction a également été faite à tous de détenir une arme à un titre quelconque pendant cinq ans. Petite précision enfin : parmi les cinq prévenus un seul était habillé comme vous et moi et laissait repousser ses cheveux. Et pour cause : déjà condamné quelques jours auparavant à 18 mois de prison avec sursis pour violences sur un migrant, il a annoncé à la barre qu'il avait décidé d'abandonner le mouvement. Le début de la sagesse ? 




Source : Voix Du Nord