jeudi 15 mars 2012

Nouveau décret élargissant les sanctions financières aux allocataires du RSA qui refusent des contrats pourris


Les déclarations anti-immigrés et anti-chômeurs se succèdent dans la bouche de Sarkozy, et de ses larbins du gouvernement et de l'UMP. Mais M. Sarkozy ne fait pas que parler. Il agit aussi.

Ainsi Fillon vient-il de signer un décret, applicable au 1er avril 2012, qui sanctionne plus durement qu'avant les allocataires RSA qui refuseraient de se plier au dictat des services "sociaux" (Cliquer ici pour accéder au texte officiel)

Ce décret est une arme de plus dans l'arsenal des services "sociaux" qui s'occupent du "suivi" et de "l'accompagnement" des allocataires RSA : Le conseil général, Pôle emploi, voire des associations habilitées.

Les services dits "sociaux" vont pouvoir plus facilement mettre la pression sur les allocataires pour les obliger a prendre des contrats pourris.

Prenons l’exemple réel d’une personne qui  a osé refuser d'aller à un chantier d'insertion de  28 heures par semaines, éloigné de son domicile alors qu'elle n'a pas de moyen de transport. Elle a osé refuser un emploi indécent, à salaire indécent, au regard de ses qualifications. Et le conseil général n'a pas hésité à lui supprimer un mois de RSA. Cette procédure, illégale aujourd'hui, deviendra légale... le 1er avril. Et ce n'est pas une blague !

En effet, aujourd'hui seule une suppression de 100€ est possible comme première sanction (article R262-68 du code de l'action sociale et des familles). Mais à compter du premier avril, le conseil général pourra supprimer... 80% du RSA, et ceci dès la première sanction du conseil général, de Pôle emploi ou de tout autre structure habilitée !




Ce décret signé Fillon est avant tout politique, et même politicien. On entend fréquemment, si l'on fréquente les services "sociaux", des phrases du type : "Celui-là, je vais lui suspendre son RSA, car il ne joue pas le jeu". Sous-entendu : Il arrêtera de refuser toutes les propositions que les services sociaux lui font pour "s'en sortir". Alors que tout le monde sait que les contrats aidés, les chantiers d'insertion, les temps partiels ne sont pas des solutions. Ce sont bien souvent des cul-de-sac, qui ne permettent en aucun cas de sortir de la misère.

Le président de la commission d'évaluation du RSA, François Bourguignon, l'a dit lui-même en décembre 2011 : "Les barèmes du RSA ne permettent pas de sortir de la pauvreté" Pourquoi faudrait-il accepter un temps partiel ou un CDD alors que l'on mérite tous un emploi décent, un salaire décent, une vraie vie ?

Le debat est bien politique. On entend bien souvent dans ces services "sociaux" que les allocataires RSA sont redevables de la collectivité, et donc doivent accepter les contrats de misère que les services "sociaux" leur proposent. Ce qui permet d'exonérer les banquiers et les actionnaires (les réels dirigeants de notre pays aujourd'hui) de toute responsabilité sur leur influence sur le marché du travail...  Pourtant ce sont bien eux qui ont imposé le démantèlement des droits des travailleurs : Précarité, temps partiel subi.  Et que ce sont bien ces banquiers et actionnaires qui ont volé une part toujours plus grande des richesses produites par les travailleurs, sur le dos des travailleurs : Le pourcentage du PIB qui part dans la poche des actionnaires n'a cessé d'augmenter, alors que la part qui va aux salaires n'a cessé de baisser.

Si on veut une société plus juste, ça passe par une juste redistribution des richesses, donc du travail… Ne nous faisons pas d'illusions. Seule la mobilisation, seul le rapport de force paiera, face aux prédateurs en costards-cravate.