dimanche 18 mars 2012

Billet d'humeur du dimanche 18 mars 2012 (FHaine ou l'imposture effrontée)


En ce Dimanche  18 mars 2012, quoi de neuf en ce monde ??? Souvent qualifié de populiste, l'argumentaire du FHaine repose sur la critique radicale du «système» qui serait coupable de trois travers: le renoncement à la laïcité, la connivence entre élites mondialisées et la permissivité face à la délinquance. Or, le Front national fait figure de spécialiste dans ces mêmes travers, n’hésitant pas à se prévaloir de ses propres turpitudes…

Le programme du FHaine en matière de laïcité est assez risible. Après un rappel bref et tronqué de la loi fondatrice de 1905, un chapitre s’ouvre sur le souci des frontistes de «combattre le communautarisme et le fondamentalisme islamique». L’obsession de l’islam est bien évidemment toujours au cœur de la problématique de la laïcité aux yeux du FHaine pour qui, «parmi les communautarismes aujourd’hui les plus puissants, encouragés par les élites, le fondamentalisme islamique impose sa loi, avec comme objectif d’appliquer la charia en France. Sous la pression islamiste, des commerces finissent par ne plus proposer à leurs clients que de la nourriture hallal (Quick)».

Marine Le Pen oublie pourtant de préciser que ni groupes de pression ni associations ni quelque djihadiste que ce soit n’ont demandé aux dirigeants de Quick d’ajuster leur politique commerciale en ne vendant que de la viande hallal.

Il s’agit là d’un mensonge fréquent des dirigeants frontistes, susurrant la prétendue existence de lois spécifiques à certains groupes, sur le modèle multiculturel anglo-saxon. Si ce type de lois existe aux Etats-Unis, par exemple pour les minorités indiennes, il n’en est rien en France. Zebulon 1er, malgré sa déclaration de 2003, n’a jamais fait le choix de mettre en place une politique dite de «discrimination positive».

Lorsque le FHaine affiche et prône dans son programme «le retour de l’égalité contre la discrimination positive», il ment en prétendant s’opposer à ce qui n’existe pas dans notre droit positif.




Par ailleurs, l’une des composantes du FHaine, constituée de la mouvance des intégristes catholiques, partisans du retour pur et simple des femmes à la maison, trouve réponse à ses doléances dans le programme du parti, qui lui donne des gages.

Ainsi, «il doit être répété que le christianisme a été pendant un millénaire et demi la religion de la majorité des Français, sinon de leur quasi-totalité, et qu’il est donc normal que les paysages de France et la culture nationale en soient profondément marqués». Certes, personne ne peut contester que le christianisme a modelé la culture de notre pays mais la confusion permanente entre identité chrétienne et identité nationale fait l'impasse sur le fait que le christianisme est originaire du Proche-Orient et que Jésus n’était pas angevin mais palestinien. Le FHaine saupoudre abondamment ses discours de ce christianisme de la civilisation, dans une tentative maladroite de mêler religion chrétienne, histoire européenne et mythe de soi. L'idée que cette laïcité prétendument permissive à l'égard de l'islam serait un danger pour la civilisation née de l'héritage chrétien de l'Europe induit que le retour à une identité nationale «originelle», chrétienne, de souche, en serait le dernier rempart.

En réalité, la laïcité «préférentielle» qui transpire du programme du FHaine n’est qu’un leurre parmi d’autres. En témoigne la figure de Paul Lamoitier, un des principaux fournisseurs du marché hallal en France. Conseiller régional du Front national dans le Nord-Pas-de-Calais, il vient de quitter le parti après les déclarations anxiogènes de Marine Le Pen sur la question de l’abattage rituel musulman. D’ailleurs, le FHaine présente ce dernier comme une revendication communautaire alors qu’un regard proprement laïc conduirait à n’y voir que des décisions commerciales.

Enfin, l’une des affiches de campagne du parti, composée d’un bandeau «non à l’islamisme» et du drapeau algérien collé à la carte de France, démontre clairement et explicitement la volonté de s’attaquer aux musulmans. Imaginez un seul instant qu’un parti politique, dans un autre Etat démocratique, utilise dans ce sens le drapeau français dans sa communication…

L’autre thème récurrent du parti d’extrême droite est la dénonciation des élites, des lobbies et autres groupes de pressions, le tout à travers une vulgate populiste, censée représenter «la voix du peuple». Or, le très opportuniste directeur de campagne de Marine Le Pen, Florian Philippot, n’est autre qu’un énarque!

Au demeurant, le FHaine entretient de nombreux liens avec des réseaux francs-maçons, ou encore avec des groupes de pression proches du Likoud tels que l'AIPAC. Il y a donc à la fois des rapprochements avec des réseaux d’influences et un véritable élitisme chez les dirigeants du Front. Le cas le plus intéressant est celui de la  famille Le Pen elle-même dont le train de vie faste s’oppose quelque peu aux critiques affichées contre les héritiers et les notables à travers la défense d’«un Etat fort capable d’imposer son autorité aux puissances d’argent, aux communautarismes et aux féodalités locales».




Le FHaine n’a pourtant rien de populaire, c’est un parti d’héritiers, à l’image de sa présidente.

C’est surtout à propos de la délinquance que la schizophrénie du FHaine atteint son comble. En matière de condamnations, le parti de Marine Le Pen est en effet à mille lieues de l’exemplarité qui s’impose à l’ensemble des partis politiques.

Lorsque le FHaine  a été en position de responsabilité dans des municipalités, comme ce fût le cas à Vitrolles et Toulon, c’est une gestion désastreuse qui a prévalu et qui a conduit certains membres du parti devant la justice.  

Le parti se vante dans son programme de défendre «une justice enfin efficace», et préconise une «politique de tolérance zéro sur l’ensemble du territoire national» avant d’exprimer la volonté d’«aggraver les peines pour les personnes coupables de violences verbales ou physiques contre un représentant de l’autorité de l’Etat». Enfin, le FHaine souhaite des «sanctions renforcées contre les délinquants récidivistes». Si de telles réformes étaient mises en œuvre, le premier à en pâtir ne serait autre que Jean-Marie Le Pen, président d’honneur du FHaine !

Au lieu de faire la leçon aux autres partis, le Front devrait puiser dans son attachement à l’héritage chrétien de la France pour se remémorer la parabole de la paille et de la poutre évoquée dans l’Évangile de Luc: «Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi!»

Voila encore un jour en ce beau monde….allez allez circulez il y a rien à voir.