samedi 31 mars 2012

Elections étudiantes à Assas, l’une des antennes de l’université Paris-II : le GUD fait son come-back (raté)


Blousons en cuir, crânes rasés ou cheveux ras, et parapluie ou casque de scooter à la main en cas de bagarre... Impossible de manquer les membres de l’Union défense de la jeunesse (UDJ) – vitrine du Groupe union défense (GUD) –, massés sur le trottoir en face du centre Assas, l’une des antennes de l’université Paris-II, mercredi 28 mars.

Ils sont ici pour les élections des représentants étudiants aux conseils centraux, organisées tous les deux ans dans les universités françaises. Pour la première fois depuis cinq ans, l’UDJ présente une liste au Conseil des études et de la vie universitaire (Cevu) d’Assas, avec pour objectif d’avoir au moins un membre élu.

Mais le retour des Gudards dans leur bastion historique n’est pas vu d’un très bon œil. Beaucoup craignent des débordements. En témoignent les deux fourgons de police garés rue d’Assas et le soin méticuleux avec lequel les cartes étudiantes sont vérifiées à l’entrée de l’université.

A midi, en pleine séance de tractage, les étudiants des autres associations en lice pour les élections déplorent la présence de l’UDJ. Enora Hamon, secrétaire générale de la Confédération étudiante (Cé), réfute l’argument démocratique : « La liberté d’expression oui, mais il faut respecter les valeurs de la République, parmi lesquelles l’ouverture. Pour moi ça n’est pas respecté par l’UDJ. »

Pour Victoire Ponsot, membre de l’association Erasmus, présente sur la liste Cap2 : « Le problème c’est que ce sont des étudiants inscrits en capacité, qui ne suivent pas les TD. Ils ne sont pas actifs, et ne peuvent donc pas réellement représenter les étudiants d’Assas. »

L’ambiance est tendue. Les membres de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), groupés devant l’entrée, jettent des regards inquiets vers ceux de l’UDJ. Jonathan Hayoun, président de l’UEJF, explique : « Ils nous prennent en photo. On est sous pression. »

Pour lui, la présence de l’UDJ à ces élections met d’autant plus mal à l’aise qu’elle survient après le drame de Toulouse. « Les juifs se sentent actuellement menacés en France » explique-t-il.

A ses côtés, Sacha Ghozlan, président de l’UEJF à Assas, résume la situation : « Je vois une quarantaine de personnes affiliées au GUD, je vois des CRS. Or, étudier, ça ne se fait pas dans la peur. »

Edouard Klein, président de l’UDJ, nie, lui, toute forme d’intimidation et de violence de la part de son organisation. Mais comment justifie-t-il, alors, la présence des forces de l’ordre devant l’université aujourd’hui ? « Il y a des policiers pour protéger les étudiants parce qu’il y a toujours des violences de la part de l’extrême gauche. »

C’est également pour cette raison que, selon lui, les « rats noirs » ont revêtu leur panoplie : « Le cuir, comme le casque, permettent de se protéger des coups des mecs de l’extrême gauche. C’est ce qu’on vit au quotidien. » Il ajoute : « Nous, on ne provoque jamais. »

Et pourtant, quelques instants plus tard, un homme qui assistait à mon entretien avec Edouard Klein me menace. Me voyant rester devant l’université, un autre homme, crâne rasé, blouson en cuir et lunettes de soleil, me prévient : « Casse-toi tout de suite sinon ça va dégénérer. »

Le retour des « gentlemen fascistes » à Assas se termine sur un échec. Avec 3,4% des voix, il n’a aucun membre élu au Cevu. Le GUD ne fait peut-être plus « partie des murs », comme il le clamait encore haut et fort mercredi.




Source : Rue 89