samedi 24 mars 2012

Taulard de la nuance


Rien n’y a fait, ni les détenus ,qui dorment par terres, contre le trou faisant office de toilettes, ni les rats et les cafards qui pullulent, ni même les témoignages de l’équipe du contrôleur général des lieux de privation de liberté sur l’état particulièrement immonde de la prison de camps Est à Nouméa. Tout cela n’a rien de préoccupant, a décidé le 29 février la Cour de cassation, en déboutant les prisonniers qui l’avaient saisie. La Cour n’a pas vu là d’éléments « suffisamment graves pour mettre en danger la santé physique ou mentale » Devoir dormir la tête dans les WC n’est pas mauvais pour la santé. Rompez !

Lors de l’audience l’avocat général, Gilles Lacan, avait pourtant demandé que les juges s’obligent à vérifier l’état de la prison avant d’y envoyer quelqu’un. Mais la cour a privilégié le bien-être des collègues, leur épargnant de fastidieuses visites, qu’ils ne prisent guère, à voir leur fréquence.

S’agissant de leur propre sort, les magistrats sont en revanches plein de commisération et se lamentent volontiers sur leurs conditions « indignes » de travail, les bureaux exigus dans lesquels ils s’entassent, sans moyens, sans greffiers ou sans photocopieuses. Des éléments si  «graves », voire « inhumains et dégradants », qu’ils mettent « en danger la santé physique ou mentale » de malheureux magistrats. Qu’en pense la cour de cassation ?




Source : Le Canard Enchainé