En ce vendredi 7 octobre 2011, quoi de neuf en ce monde ??? 2012 sonne le glas des élections avec son cortège de promesses qui seront faites pour ne pas être tenues mais qui serviront à faire croire aux gens que nos politiques répondent présent a leurs attentes. Déjà ce weekend avec les votes (payant, certes 1 euros mais payant franchement c’est poussé le bouchon encore plus loin non ????) des primaires socialistes annoncent le premier round de la danse des guignols.
Face à la mascarade électorale, au vide des candidats et à l’absence de démocratie réelle, l’abstention ou le vote blanc sont des attitudes civiques et responsables. Il ne faut pas avoir peur de s’abstenir, il faut même le revendiquer, en sachant que ce n’est qu’un modeste premier pas vers le monde dont nous souhaitons l’avènement.
Souvent, on entend dire : "mais c’est criminel de prôner l’abstention aux élections, il faut voter voyons, ou au moins voter blanc, le droit de vote doit être respecté". Mais les deux seuls arguments avancés pour refuser l’abstention sont :
1) Il faut faire barrage à l’extrême droite en votant pour les autres candidats qui sont moins pires. S’il y a un risque d’élection d’un candidat d’extrême droite, il ne faut même pas voter blanc.
2) Le droit de vote est un droit chèrement acquis, il faut l’utiliser pour faire pression à l’occasion des élections et inciter à améliorer les choses. Si aucun candidat ne vous convient, votez blanc en bon citoyen démocrate.
Piètres arguments, ultra-rabâchés sans y réfléchir sérieusement.
Mais examinons le premier argument.
Si la majorité des électeurs souhaitent malheureusement un régime ouvertement d’extrême droite, ce n’est pas le vote qui l’empêchera car combien de gouvernement fasciste sont arrivé aux pouvoirs par un coup d’état. Si le scrutin est plus tangent, une abstention ou des votes blancs massifs pourraient avoir un impact très fort. Vous imaginez un scrutin avec 60 ou 70 % d’abstention ou de votes blancs et surtout ce n’est pas parce qu’on s’abstient ou qu’on vote blanc qu’il y aura plus de votants pour l’extrême droite.
Plus profondément, la hantise de l’extrême droite présuppose qu’elle est bien pire que les autres candidats et qu’elle ferait beaucoup plus de dégâts si elle était au pouvoir. Rien n’est moins sûr, pour deux raisons :
Si l’extrême droite est plus voyante, plus grande gueule et gros sabots, si elle est ouvertement répressive et ultra-conformiste, Mais nos autres politiciens ne valent pas mieux. Les candidats présidentiables sont plus subtils et essaient de se blanchir en attirant l’attention sur pire qu’eux, mais ils sont bien du même bois. Ils font de jolis discours sur la fracture sociale ou les excès de la mondialisation libérale et ont une apparence plus mesurée, ils font quelques petits cadeaux et réformettes pour se faire élire, mais ils ont au fond des idées très proches de celles de l’extrême droite. Les discriminations, la misère, les SDF, la L.S.Q. (loi sur la sécurité quotidienne), la loi contre les manipulations mentales... n’ont pas eu besoin de l’extrême droite pour voir le jour...
Surtout, tout le monde sait bien que les élus politiques ne sont que des sous-fifres sans réels pouvoirs de décision. Ce sont les puissances économiques, médiatiques et juridiques qui ont en fait les pleins pouvoirs et mènent la barque selon leurs intérêts. Les politiques ne sont que des exécutants destinés à amuser le peuple et à faire avaler les nombreuses couleuvres qui permettent l’enrichissement des riches et le statu quo général.
Mais quand on voit les mesures ultra-sécuritaires prônées par la plupart des candidats, on se demande qui est à l’extrême droite, Jean-Marie se fait doubler de tous les côtés ! Quand on voit un maire de Lyon, qui se prétend socialiste, entériner la vidéo surveillance généralisée et réprimer férocement l’affichage libre, on renvoie tout le monde dos à dos.
Examinons maintenant le deuxième argument.
En reprenant ce qui précède, on voit bien que le droit de vote n’a été accordé et reconduit que parce qu’il est finalement maîtrisé et sans danger pour l’ordre établi. Dans le contexte actuel, ce n’est pas en votant (pour qui que ce soit d’ailleurs) qu’on risque de faire changer quoi que ce soit d’important, au contraire. Et pour rendre hommage à celles et ceux qui se sont battus pour le droit de vote et la vraie démocratie, il vaut mieux ne pas se rendre complice des pastiches en cours et rejeter une illusion de participation à la politique du pays.
Si un jour, à la place du mastodonte despotique appelé France, les libertaires parviennent à bâtir des entités de taille réduite fondées sur le partage, la démocratie directe et l’égalité, il sera toujours temps d’aller voter. On en est loin.
Ce n’est donc pas l’idée de vote ou de démocratie que l’on rejette, mais leur caricature criminelle qui veut nous arracher un signe d’allégeance et nous inciter à rester bien tranquilles.
"Vous avez le droit de voter aux élections et de faire quelques manifs bon enfant, le reste du temps, fermez-la et participez avec zèle à votre exploitation et au pillage de la planète. Votez et consommez béatement, on s’occupe du reste pour vous." Telle est la réalité. Le pire est que la plupart des gens en sont conscients, même s’ils n’osent pas se le dire clairement. Ils préfèrent encore jouer le jeu plutôt que de s’engager dans une voie qui pourrait s’avérer trop contestataire.
On entend dire partout que la démocratie est menacée. Sinistre mensonge, pour que la démocratie soit menacée, il faudrait d’abord qu’elle existe ! La démocratie a été mise au tombeau depuis longtemps, et en votant aux prochaines élections, vous rajouterez une pelletée de terre bien lourde sur son cadavre, qui aura alors encore plus de peine à ressusciter un jour.
Ca fait lucide et militant modéré de dire que la démocratie est menacée. On se pose en vaillant défenseur de la démocratie et on invite les braves citoyens à participer. On va alors parler de vote civique, de l’action citoyenne responsable, de contestataires sérieux... Toutes choses qui ne font que renforcer l’emprise du totalitarisme ambiant tout en se donnant bonne conscience grâce à une illusion d’action constructive. Les bons citoyens voteurs sont donc les alliés objectifs du totalitarisme qui les oppresse. En précisant que ceux qui votent blanc ont déjà fait un pas hors de la mêlée.
Ce n’est pas tant l’absence d’idées des candidats que l’on fustige, mais l’absence de démocratie, le despotisme de l’Etat et du capitalisme, et le totalitarisme général qui englobe tout ça.
Voter supposerait que le système en place est perfectible et réformable, or il n’en est rien.
Encourageons donc les indécis à rester dans l’indécision et à rester chez eux. Ce n’est pas la peine de se forcer à choisir un candidat. Pour une fois : que les indécis rendent l’élection ridicule en restant chez eux au lieu de faire basculer le succès vers tel ou tel.
Le chemin menant à des démocraties effectives est long et difficile. Si on veut en voir le bout, il faut commencer par prendre conscience des impostures actuelles. Si on conforte les despotismes et si on croit en eux, ils ne risquent pas de disparaître. Si on croit, ou fait semblant de croire, aux mensonges officiels, on ne risque pas d’avoir l’idée d’inventer autre chose.
Les ruptures et prises de conscience précèdent forcément l’utopie. L’abstention est un modeste premier pas facile à effectuer. Les suivants seront plus difficiles. Mais si on ne fait pas un effort pour sortir de l’ornière, on continuera de s’enliser.
Voila encore un jour en ce beau monde….allez allez circulez il y a rien à voir !!!!!