lundi 24 octobre 2011

Rodrigue où l'histoire d'une agression raciste dans le Pas de Calais

Rodrigue, un adolescent camerounais, n'a que 15 ans mais on peut avancer que toute sa vie, il se souviendra du samedi 15 octobre, jour où la bêtise humaine s'est révélée dans sa forme la plus violente. Il est 21 h quand le jeune homme enfourche sa bicyclette pour quitter un ami, chemin Castre. Son parcours pour rentrer chez lui avenue Toumaniantz l'amène à passer rue Dolain, où, régulièrement, il croise des personnes qui l'insultent. Seulement cette fois, aux provocations verbales s'est ajoutée une agression physique d'une violence insoutenable. « Un jeune homme m'a insulté de "négro, bougnoule, sale noir", rapporte l'adolescent aux policiers, lors du dépôt de plainte dimanche. Il s'est mis au milieu de la route pour que je m'arrête, ce que j'ai fait. » Selon le récit de la victime, un deuxième jeune homme, le frère de l'agresseur, se présente, incitant le premier à porter des coups de pieds.

Rodrigue est frappé à l'épaule et sur le haut du corps. Arrive ensuite un troisième homme, le père, toujours selon la victime. « Le père m'a bousculé. J'ai voulu m'enfuir mais quelqu'un m'a empêché de partir. À ce moment-là, le père m'a donné des coups de poing au niveau de la bouche. » La violence des coups est telle que le jeune homme perd une dent, deux autres se trouvant pliées sur sa lèvre inférieure (voir photo). À terre, la victime reçoit encore des coups, à l'oreille et au visage.

Emmené aux urgences de l'hôpital de Calais, Rodrigue présente des plaies, un oedème, de douleurs sur le haut du corps et « un orifice béant et saignant » à la bouche. Le médecin de garde prescrit au collégien scolarisé à Marck une incapacité totale de travail de cinq jours, en attendant l'examen d'un médecin légiste, aujourd'hui.

« Depuis cette agression, mon fils ne fait que pleurer, il ne comprend pas cette agression, lâche Clémentine, sa mère, pour qui cette agression est insupportable. Je suis révoltée, je veux en parler pour dénoncer tout cela. Il faut que cela s'arrête, et pas que pour mon fils. Il ne s'agit pas d'une bagarre de gamins, c'est le papa qui a porté les coups. »

La mère de famille contient ses larmes et, de sa poche, sort la dent de son fils. « Il a 15 ans, il vient de perdre trois dents, je ne peux pas accepter ça. Mon fils, autrefois, répondait aux insultes par la violence. Il n'est pas un ange. Mais je lui ai dit et répété que la violence ne règle rien. Il s'était calmé. » La maman montre ensuite les photos de son fils, le visage tuméfié, la bouche ensanglantée. « Il ne dort pas depuis deux jours tellement il a mal. Son oreiller était imbibé de sang samedi soir. Comment peut-on faire une chose pareille ? » Hier, l'adolescent a passé un scanner maxillo-facial qui a confirmé que les deux autres dents sont sur le point de tomber. La pose de prothèses n'est pour le moment pas envisageable. 



Source : Voix du Nord