S'il n'y a pas de justice, il n'y a pas de dignité. » Bruno Pesce et Nicola Pondrano tirent cet enseignement du procès de Turin qui, le 13 février , a vu la condamnation à seize années de prison ferme de deux anciens responsables d'Eternit en Italie.
Samedi matin, à Dunkerque, ces porte-parole de la lutte des victimes de l'amiante de Casale-Monferrato, dans le nord de l'Italie, ont tenu une conférence de presse, puis témoigné lors de l'assemblée générale de l'Association régionale de défense des victimes de l'amiante (ARDEVA). Ils ont rappelé la longueur de la lutte (vingt-cinq années) et le nombre de morts (environ 3 000, salariés ou habitants victimes environnementales des fibres cancérogènes).
Pour eux, la portée de ce jugement dépasse les frontières : « C'est la victoire de la multinationale des victimes contre la multinationale Eternit. » Ils espèrent même « une harmonisation des systèmes judiciaires de tous les pays par le haut ». L'Italie a montré l'exemple avec ses procureurs pas soumis au pouvoir politique, capables de préserver « l'indépendance de l'enquête ».
De quoi faire des envieux en France où le ministère de la Justice a la haute main sur le parquet. Pierre Pluta, président de l'ARDEVA, s'est exclamé : « Quel contraste quand on compare la situation des deux pays ! En Italie, les empoisonneurs ont été condamnés à dédommager toutes les conséquences de leurs actes criminels. En France, les premières plaintes remontent à 1996 et jamais les procureurs de la République n'ont levé le petit doigt pour engager les poursuites... » Me Michel Ledoux, avocat parisien de l'association, résumait la situation : « Sur le terrain pénal, on est très, très mal barrés. ».Et sans oublier le remboursement des indemnités reçus par les victimes de cette saloperie en France (ici).