dimanche 11 mars 2012

Billet d'humeur du dimanche 11 mars 2012 (Fukushima 1 an après)


En ce dimanche 11 mars 2012, quoi de neuf en ce monde ???  Des années d’angoisse s’annoncent pour les Japonais exposés, de près ou de loin, à la radioactivité. Après la catastrophe de Fukushima, les éléments radioactifs qui se sont propagés dans l’atmosphère ont mis en danger la population, qui a ensuite cohabité avec les dépôts qui se sont formés dans les sols. Sans compter les doses radioactives qui ont pu être absorbées via les aliments et qui n’ont pas été prises en compte par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) qui a présenté, fin février, un bilan sanitaire de la catastrophe.

Selon les données de l’IRSN, une dose efficace de 10 millisievert (mSv) aurait pu être reçue jusqu’à 40km au sud de la centrale de Fukushima pendant la période de rejets, quelques jours après le tsunami. C’est déjà dix fois plus que la dose maximale admissible en France, et les émissions régulières de petites doses de radioactivité pendant les mois qui ont suivi n’ont pas été comptabilisées. A l’intérieur de la zone évacuée de 20km autour de la centrale, la dose serait montée à 50mSv. Mais «en dessous de 100mSv, nous n’avons pas de preuve d’un lien de cause à effet avec les maladies», affirme Jean-René Jourdain, adjoint à la direction de la protection de l’homme à l’IRSN.

Depuis juin 2011, les autorités japonaises ont mis en place des études épidémiologiques pour évaluer l’état de santé des personnes qui ont été exposées aux radiations dans la région de Fukushima. A la lumière des suites de Tchernobyl, les médecins savent que certaines pathologies vont  se déclarer: cancers, en particulier de la thyroïde, leucémies, troubles rénaux, diabètes… «Les cancers de la thyroïde mettent au moins cinq ans à apparaître», précise Jean-René Jourdain.





Une des causes principales de diffusion de la radioactivité, les explosions qui ont eu lieu dans les jours suivant le tsunami, qui ont rejeté des éléments radioactifs dans l’atmosphère: gaz rares, tels que le xénon, iodes, tellures et césiums. «Les principaux rejets ont eu lieu avant le 17 mars, précise Didier Champion, directeur de crise à l’IRSN. Aujourd’hui, nous sommes dans un contexte d’exposition chronique à faible dose, mais qui peut s’accumuler avec le temps.» Les particules retombées sur le sol et en mer ont en effet formé des dépôts radioactifs plus ou moins persistants: «Deux mois après l’accident, ce sont les césiums 134 et 137 qui constituent 80% des dépôts rémanents», constate l’IRSN.

58 pétabecquerels (1015 becquerels)  de césium radioactifs se seraient ainsi dispersés sur 600km² de territoire où les dépôts ont atteint 600.000 becquerels (Bq) par m². A titre de comparaison, les retombées de Tchernobyl sur le territoire français sont estimées à 4.000Bq/m². Les pluies ont aussi diffusé les radionucléides sous forme de «tâches de léopard» et de «points chauds» au sud-ouest de la centrale de Fukushima. «En 2020, il ne restera que 5% du césium 134 mais 81% du césium 137 dans les couches supérieures du sol», estime Didier Champion.




Les fruits et légumes ont aussi reçu leur dose de radioactivité. Les premiers touchés ont été les légumes à feuille (épinards, salades, poireaux,…): «Au cours du mois de mars 2011, de nombreux légumes des préfectures de Fukushima et des alentours avaient une contamination en césiums et/ou en iode 131 dépassant les normes de commercialisation et de consommation», constate l’IRSN. Puis, à la fin du printemps, d’autres aliments étaient contaminés: abricots, kiwis, pousses de bambou et feuilles de thé ont littéralement digéré les radionucléides déposés sur leurs feuilles, et vont restés présents dans les racines, les troncs et la sève pendant plusieurs années. «Il faut rester vigilant sur certains produits, insiste Didier Champion. Les forêts étant les zones les plus sensibles, les champignons et le gibier sont particulièrement visés.»

Par ailleurs, les radionucléides emportés par les vents au dessus du Pacifique et les rejets d’eau utilisée pour refroidir la centrale de Fukushima ont eu des effets sur le milieu marin, mais «comment sera-t-il impacté dans la durée? On l’ignore», reconnaît Didier Champion. L’IRSN insiste toutefois sur la dilution des rejets grâce aux courants: «Les eaux contaminées ont été transportées rapidement vers l’Est, vers le centre du Pacifique, où elles ont continué à se diluer.»

Mais les sédiments marins ont absorbé une partie de la radioactivité, qu’ils pourraient relâcher durant de nombreuses années. Les poissons seront les «meilleurs indicateurs de la contamination en césium dans le domaine marin», selon l’IRSN: les radionucléides se transmettront des petits poissons vers «les prédateurs en haut de la chaine alimentaire qui devraient présenter des niveaux plus élevés». Et tout en haut de la chaine alimentaire, l’homme devra surveiller son assiette pendant quelques années.

Voila encore un jour en ce beau monde….allez allez circulez il y a rien à voir.