Communiqué du 02 Mars
Le collectif de chômeur-euses et précaires de Lille (CCPL59) soutient Philippe, membre actif du collectif, qui a entamé une grève de la faim (jeudi 1er mars) par colère contre l'échec non assumé de la mission sociale de pôle emploi et face à l'impasse invivable de sa situation actuelle. Le CCPL s'est présenté ce vendredi 2 mars au matin avec Philippe à l'atelier bidon que lui a proposé l'agence de Hellemmes pour calmer sa revendication de placement urgent. La directrice étant absente, son assistante nous a reçu, devant l'impossibilité d'isoler son «client ». Nous l'avons interpellé sur ce dernier terme à l'égard des usager-es, elle a admis le côté choquant mais que "tout comme les trucs qui viennent de la haut, on n'a qu'à appliquer on n'a rien à dire". A l'égard du "client" Philippe, la directrice a dit l'avoir rencontré récemment à sa collègue, le confondant sans doute avec un autre "dossier" (ou par mensonge délibéré ?) et n'a daigné en fait échanger sur sa situation qu'auprès du médiateur régional sollicité par Philippe.
Sous notre pression, transformée en dialogue, l'assistante s'est engagée à transmettre les revendications à la directrice (placement en urgence notamment) et à organiser un rendez vous avec cette dernière la semaine prochaine. Ignorant le droit (ou feintant d'ignorer, comme ce fut le cas à Rennes avec Mme C. de l'agence Poterie ? (1) ) du demandeur d'emploi à être accompagné par une personne de son choix dans son rapport à l'institution, même en entretien dans le cadre du suivi, nous le lui avons donc rappelé (2). Une personne du collectif accompagnera donc Philippe lors de l'entrevue avec la directrice.
Le CCPL 59 est en attente de la réalisation de ces engagements, et la grève de la faim de Philippe continue... Le CCPL 59 considère le cas de Philippe comme symptomatique d'une institution qui ne remplit essentiellement qu'une fonction de contrôle social que nous refusons (isolement et stigmatisation des initiatives collectives, aucun moyen réel en dehors du fliquage, RDV bidons et des radiations qui s'en suivent...), manifestation d'une volonté politique de broyer les précaires. Le CCPL 59 soutiendra toute initiative des employé-es de pôle emploi qui voudraient agir autrement qu'en soupirant tout en appliquant les procédures administratives. Le dialogue a révélé que les consignes de la direction générale laissent les salarié-es en première ligne, tandis que les syndicats ne sont pas ou peu présents à l'interne. Aucune contestation vis à vis des directives, et "on fait ce qu'on peut sur le terrain".
Au niveau des contrôles des papiers, nous avons souligné la présence de la vérification de l'authencité des papiers, en lien direct avec la Préfecture par le bais des lampes UV qui y sont reliées informatiquement. Autrement dit on y flique les étranger-es, avec ou sans-papiers. Deux affiches le signalent à l'intérieur de cette agence. Sans remettre en cause le procédé, on nous dit "cela se passe surtout en région parisienne", sous entendu pas besoin de balancer ici, les papiers sont toujours authentiques. "Il faut relativiser, c'est pas partout pareil"... Aucune désobéissance en ligne de mire apparament...
Le CCPL 59 s'engage à réitérer ce genre d'action, pour quiconque le voudrait, puisque c'est visiblement le seul moyen pour des individus de se faire entendre, sans mépris et infantilisation.
Nous pointons ce jour le double discours de Police Emploi : moralisation du chômeur d'une part et mesures anti sociales qui en découlent; aucun accompagnement réel d'autre part, sauf coercitif.
Ne pas se laisser faire et agir ! La dimension collective est déterminante pour nous organiser et changer la donne, face à Police Emploi et la CAF. Montons le ton !
1 - Lettre ouverte du MCPL à Mme C, responsable d'équipe à l'agence pôle emploi de Rennes poterie en janvier 2012 : ICI
2 - Article 24 de la loi 2000-321 du 12 avril relative au droit des citoyens dans leurs relations avec les administrations