dimanche 4 mars 2012

Nouveau tract antinucléaire du groupe Pavillon Noir (86)


Sortie immédiate du nucléaire : révolution sociale et libertaire !


A entendre les politiciens et autres experts, malgré les évidences cruellement rappelées par la catastrophe japonaise dont on n’a pas fini de mesurer les conséquences désastreuses, vouloir sortir immédiatement du nucléaire serait « irresponsable » – tout au mieux faudrait-il en sortir progressivement… Nous affirmons que le nucléaire est une énergie totalitaire, aux antipodes de la liberté et de la solidarité, et prônons la réappropriation par les populations des affaires qui les concernent.

Le nucléaire est une énergie extrêmement dangereuse. Les catastrophes, si minimes soient les risques selon les « experts » qui veillent sur notre sommeil, sont inévitables, et déjà à l’oeuvre. Les risques sont présentés comme une « externalité négative »… à assumer par les populations. En France et ailleurs, ces risques sont renforcés par le vieillissement des centrales, dont le démantèlement coûte si cher que le pouvoir en prolonge la durée d’exploitation bien au-delà des dates prévues, dans une effroyable fuite en avant. La privatisation rampante du secteur et la mise en concurrence, et ce qu’elle suppose de réduction des coûts fixes d’entretien, accroît aussi ces risques inacceptables pour les travailleurs-euses, souvent précaires et très exposé-e-s aux radiations.

Le nucléaire est une énergie affreusement polluante. Des études récentes montrent que les leucémies infantiles sont deux fois plus nombreuses autour des centrales. Les monceaux de déchets radioactifs, produits en quelques décennies seulement de nucléaire, s’accumulent dans des lieux de stockage en surface ou sous terre. Ils sont d’ores et déjà infligés aux générations incalculables qui nous succèderont, pour des centaines de milliers d’années… une période aussi longue que celle qui nous sépare des premiers hommes ayant peuplé la planète.

Le nucléaire est une énergie dévoreuse de budgets colossaux. Il détourne et accapare depuis des décennies, aux seuls bénéfices du lobby nucléocrate, l’argent public dévolu à l’investissement et à la recherche – aux dépens d’autres énergies. La filière nucléaire est une fuite en avant dans des investissements toujours plus colossaux, pour de nouvelles générations de réacteurs qui seraient hypothétiquement capables de retraiter un combustible usagé… toujours plus radioactif. Ces spéculations fumeuses sont d’autant plus irresponsables que le nucléaire est une énergie non renouvelable : les ressources en uranium sont, tout comme le pétrole, limitées à quelques décennies.

Le nucléaire est une énergie capitaliste. Transportée à flux tendu par tout un réseau d’autoroutes électriques à très haute tension, elle est inséparable d’un modèle productiviste de croissance de l’exploitation humaine, allant de pair avec une croissance toute aussi suicidaire de la production d’énergie, pour des productions d’activités toujours plus absurdes. Où les producteurs-consommateurs, déjà abrutis dans des tâches salariales inutiles et nocives, sont matraqués de publicités pour des gadgets idiots. Au travail comme au supermarché, les populations sont privées de ce qu’implique socialement et écologiquement ce qu’elles produisent et consomment. Le nucléaire répond au modèle capitaliste, qui ne nourrit que sa propre logique destructrice, celle de l’hypertrophie d’un pouvoir monopolistique, exercé par une caste privilégiée sur une population toujours plus asservie.

Le nucléaire est une énergie d’Etat. Il sous-tend un projet antisocial, antidémocratique, hypothéquant toute velléité d’organisation libre des sociétés. Son combustible uranium provient de gisements situés dans des pays maintenus sous le joug colonialiste, comme au Niger où se perpétue une domination éhontée des firmes occidentales sur les populations locales. Cette technologie née du militaire s’est imposée par la force ; elle reste gérée par des technocrates, sur les décisions desquels les populations n’ont aucune prise. Elle implique en effet un niveau très élevé de surveillance et de contrôle social. Le nucléaire résume le déni de démocratie réelle que suppose l’institution étatique, et en illustre toute l’abomination.

Partisan-e-s d’une société fédéraliste, fondée sur l’autogestion et l’entraide, où les gens décident directement de ce qui les concerne, nous ne pouvons que condamner le nucléaire, et tout ce qui rend cette énergie possible. Mais nous condamnons aussi toutes les pseudo-solutions du « développement durable », expropriant des paysans dans le monde entier pour multiplier les panneaux solaires et les éoliennes. Le développement prône toujours plus de productivisme, entraînant l’humanité et la planète dans une destruction irréversible. Notre projet social d’une réappropriation réelle des décisions et des activités par les populations elles-mêmes, pose l’exigence de reconsidérer ici et maintenant les besoins réels d’une part, les ressources et les données environnementales d’autre part. Ce projet ne peut être imposé « d’en haut », il ne peut venir que des populations en lutte.

On ne sortira du nucléaire qu’en l’arrêtant, et non en le « demandant » pour dans dix, vingt ou trente ans avec des pétitions et des bulletins roses ou verts. On ne sortira du productivisme, dont le nucléaire n’est qu’un avatar, qu’en renversant l’Etat et le Capital. La tâche n’est pas aisée mais elle est incontournable, si nous ne voulons pas voir notre planète irréversiblement transformée en poubelle invivable. Des réseaux de résistance active se tissent : contre l’aéroport de Nantes, contre l’EPR à Flamanville, contre la ligne THT Cotentin, contre la LGV Paris-Bordeaux… Comme au Larzac, comme à Plogoff, la victoire ne dépend que des populations pour tisser des liens et se réapproprier l’action directe contre ce qui les opprime.

Sortie immédiate du nucléaire : révolution sociale et libertaire !