Une amende de 5 000 roupies (72 euros) : c'est l'unique peine qu'ont reçu douze médecins en Inde pour avoir pratiqué en secret des tests de médicaments sur des patients, des enfants pour certains. Les médecins, dont deux d'entre eux ont démenti avoir mal agi, sont accusés d'avoir été payés par des entreprises pharmaceutiques pour mener dans la ville d'Indore des essais de médicaments visant à traiter notamment des dysfonctionnements sexuels.
L'affaire a provoqué la colère dans le Madhya Pradesh, dans le centre du pays. C'est dans cet Etat que 1 883 personnes auraient subi ces tests cliniques illégaux, selon le quotidien India Today, qui parle d'une condamnation "honteuse». Selon le gouvernement local, les tests n'avaient pas été approuvés par les autorités sanitaires et les médecins ont refusé de divulguer toute information au nom de la protection du secret médical.
Anand Rai, un médecin qui a alerté l'opinion sur cette affaire, a fait part mardi 3 janvier à l'AFP de sa colère et de sa frustration après la peine infligée dimanche aux médecins, jugée non dissuasive. "Tous les tests ont été pratiqués sur des patients venus dans des hôpitaux gouvernementaux pour des soins de routine. C'est un crime de pratiquer sur eux des tests médicaux sans leur consentement", s'est-il insurgé.
Ajay Singh, à la tête de l'opposition au Parlement local, a qualifié l'amende de "ridicule". Des associations de défense des droits de l'homme disent craindre que l'Inde devienne une plaque tournante pour les tests de médicaments pratiqués sur des patients pauvres utilisés comme des cobayes par les géants pharmaceutiques, souvent sans leur accord.
Selon M. Rai, les mauvaises pratiques dans le milieu médical risquent de se poursuivre encore longtemps : "Les tests de médicaments sont ici en augmentation parce qu'ils coûtent seulement un sixième de leur prix dans les pays occidentaux", a-t-il souligné. "Le système de régulation est ici plus corrompu et les compagnies pharmaceutiques peuvent facilement inscrire des patients et commencer les essais", a-t-il ajouté. Selon lui, "dans les pays développés, cela prendrait six mois pour inscrire cinq patients tandis qu'en Inde, ils peuvent pendant ce temps mener des tests sur 2 000 personnes".