Au moins 20 000 opposants à l'utilisation de l'énergie nucléaire manifestaient bruyamment ce vendredi à Tokyo, où le soir est tombé, devant la résidence du Premier ministre japonais Yoshihiko Noda. Ce dernier a décidé récemment d'autoriser le redémarrage de deux réacteurs.
«Saikado hantai !» (»Non à la relance !») hurlaient les manifestants, parmi lesquels le journaliste dénonciateur de scandales Satoshi Kamata, un des meneurs du mouvement «Adieu l'énergie nucléaire !» A ses côtés se trouvait aussi l'écrivain Prix Nobel Kenzaburo Oe, à l'origine d'une pétition rassemblant à l'heure actuelle plus de 7,5 millions de signatures.
Une autre manifestation de ce genre est prévue la semaine prochaine. «C'est un combat qui ne fait que commencer», insiste sur internet le musicien Ryuichi Sakamoto, à la tête de ce mouvement.
Le 16 juin dernier, M. Noda avait donné son feu vert à la remise en exploitation de deux réacteurs de l'ouest du Japon, Ohi 3 et 4, les premiers à pouvoir redémarrer depuis l'accident atomique de Fukushima provoqué par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011.
Le jugement des autorités locales et du gouvernement, qui repose avant tout sur des considérations économiques tout en assurant que des mesures spéciales de sécurité seront prises, est loin de faire consensus. M. Noda avait pourtant promis de ne prendre de décision «qu'après avoir obtenu la compréhension de la population».
Alors que ceux dont les affaires dépendent de l'exploitation des réacteurs et les milieux industriels se réjouissent, les opposants dénoncent les risques selon eux encourus puisque tous les réacteurs du pays sont en bord de mer et en zone sismique.
Même des personnalités qui, sur le principe, sont pour le redémarrage des réacteurs, trouvent la démarche du gouvernement japonais un tant soit peu hâtive et cavalière.
Les plans de la compagnie Kansai Electric, gérante de la centrale d'Ohi (ou Oi), prévoient divers renforcements de la sécurité du site, mais le tout ne sera pas terminé avant 2015.
Quant aux résultats des tests de résistance rendus obligatoires, ils ont été validés par une instance, l'Agence de sûreté nucléaire, qui va disparaître dans quelques semaines sous sa forme actuelle après avoir été accusée de multiples erreurs dans le passé et de connivence plus ou moins directe avec les industriels du secteur.