Pendant cinq jours, du lundi 25 au vendredi 29 juin, les
entrées de l'usine pharmaceutique AstraZeneca sur la zone industrielle de
Petite-Synthe près de Dunkerque ont été bloquées par un piquet de grève. Une
centaine de grévistes, sur les 290 ouvriers et techniciens de l'usine, ont tenu
bon face à une direction qui ne voulait rien entendre.
Depuis quelques semaines déjà, le mécontentement montait
dans l'usine. AstraZeneca est un groupe qui produit des médicaments et, en
particulier sur le site de Dunkerque, des aérosols contre l'asthme. C'est une
activité particulièrement rentable : l'usine de Dunkerque fait plus d'un
milliard de chiffre d'affaires et reverse des centaines de millions d'euros
chaque année au groupe AstraZeneca au titre des brevets sur les médicaments,
alors qu'ils sont amortis depuis longtemps. De plus, le site de Dunkerque
arrive bon an mal an à déclarer 90 millions d'euros de bénéfice. Chaque salarié
de l'usine produit en moyenne 22 000 euros de bénéfice tous les mois. Et avec
tout ça l'usine possède près de 200 millions d'euros de trésorerie.
Pour les actionnaires du groupe, l'usine de Dunkerque est
une véritable machine à produire du profit. Mais pour les salariés c'est une
tout autre histoire : un ouvrier posté touche 1 600 euros net par mois et un
technicien rarement plus de 1 800 euros. En production, le sous-effectif est
permanent, les ouvriers constamment sous pression. La direction fait appel à
des intérimaires au coup par coup, alors qu'il serait nécessaire d'embaucher en
fixe pour tenir les postes.
Ce qui a fait éclater le ras-le-bol, c'est quand un cabinet
d'experts mandaté par le comité d'entreprise a estimé que, suite aux nouveaux
calculs de la direction, il manquait en moyenne 1 800 euros sur la prime de
participation 2011. Depuis des semaines la direction refusait toute discussion.
Le lundi 25 juin, prenant acte du blocage, les syndicats CGT et Sud ont appelé
les salariés à faire grève pour l'embauche des intérimaires, pour un rattrapage
de 60 euros sur les salaires et pour une garantie sur la prime de participation
2012.
Après cinq jours de grève, les salariés ont décidé de
reprendre le travail ensemble, pour éviter que le mouvement ne s'effiloche avec
les premiers départs en congé de juillet. Ils n'ont sans doute pas obtenu ce
qu'ils revendiquaient, mais ils ont gagné une prime de 200 euros en septembre
et des garanties sur la prime de participation 2012. La direction a dû aussi
s'engager à payer une journée de grève.
C'est surtout pour le moral des travailleurs que cette grève
est importante : la direction a dû ravaler son arrogance et tenir compte du
mécontentement qui s'exprimait. Mais bon on est quand même loin de la grève générale
et du grand soir.