Intimidation et menaces de poursuites pénales à l’encontre
d’une soutien du CSP59 : la solidarité n’est pas un délit !
Rappel des faits :
M. K., Sans Papiers organisé au sein du CSP59, fait l’objet
d’un placement en rétention en avril 2012. A l’audience du TGI de Lille le 23
avril 2012, le JLD l’assigne à résidence. Mme S., amie de M. K., soutien du
Comité des Sans Papiers depuis plusieurs années, produit à la demande de l’avocat
de M. K., les documents nécessaires (attestation d’hébergement, justificatif de
domicile).
Le 05 mai, une première fois, 3 agents de la PAF se présentent
au domicile de Mme S. qui est partie travailler et M.K. n’est pas à cette
adresse.
Aucune autre manifestation de la PAF jusqu’à ce mercredi 11
juillet 12, où, de nouveau 3 agents de la PAF se présentent au domicile de Mme
S. qui est, là encore, partie travailler. Dans la journée, elle reçoit un appel
lui demandant de se présenter à la PAF le lendemain à 8H. Aucune précision sur
le motif ni même sur l’identité de la personne l’ayant appelée. Mme S. rappelle
l’accueil de la PAF en s’étonnant de ce mode opératoire et précise qu’étant
salariée elle ne pourra se rendre à ce rendez-vous. La fonctionnaire du
secrétariat téléphonique de la PAF sera dans l’incapacité de lui préciser les
raisons de cet appel et confirmera qu’elle s’étonne du fait que Mme S. ignore
l’identité de la personne qui lui a demandé de se présenter à la PAF le
lendemain matin à 8h.
jeudi 12 juillet, à l’heure dite du rendez-vous, Mme S.
reçoit de nouveau un appel d’un fonctionnaire de la PAF qui lui rappelle sèchement
qu’une « convocation » lui a été faite et qu’elle n’est pas présente. Mme S.
rappelle qu’elle a pris soin de prévenir la veille par téléphone de son
empêchement et demande des précisions sur
les motifs de cette « convocation ». Le fonctionnaire après avoir
décliné son identité lui précise qu’il s’agit d’un « entretien dans le cadre
d’une enquête préliminaire contre M. K. ». Mme S. convient qu’elle se
présentera ce jeudi 12 juillet à 18H30.
Mme S. se présente, comme convenu à ce rendez-vous,
accompagnée d’une autre militante du CSP59 qui sur injonction du fonctionnaire
de police ne pourra assister à « l’entretien » et sera invitée à attendre en
salle d’accueil
L’entretien durera une vingtaine de minutes. Après qu’une
fois encore elle s’étonne d’être « convoquée » (sic les propos du fonctionnaire
de la PAF) sans même n’avoir reçu de convocation officielle, et après qu’elle
demande à plusieurs reprises dans quel cadre il lui a été demandé de venir, le
fonctionnaire de la PAF lui répond : « vous êtes simple témoin, et il vous est
encore possible de vous soustraire à cet interrogatoire mais alors la Police
viendra vous chercher à votre domicile ou sur votre lieu de travail ».
Mme S. constate à son entrée dans le bureau qu’un PV à son
nom et reprenant sa domiciliation est déjà rempli et que faute de « quelques
questions » (sic les propos tenus le matin même au téléphone par le
fonctionnaire en question) il s’agit bel et bien d’un interrogatoire. Mme S.
refuse de signer le procès verbal après lecture de celui-ci et vérifie que
cette mention soit précisée sur le document. Le fonctionnaire la raccompagne et
à la dernière question de Mme S. sur les suites à cet interrogatoire, le
policier de la PAF lui répond que le PV va être transmis au procureur de la
République qui jugera de la nécessité d’une « poursuite pour délit de
solidarité » (sic le fonctionnaire de la PAF)…
Plus de 15 ans après les poursuites de Jacqueline DELTOMBE,
la nouvelle majorité présidentielle, « porteuse du changement », fait de
nouveau planer la suspicion et les menaces de poursuites pénales contre les
militants engagés dans les luttes pour la régularisation des Sans Papiers.
Cette majorité présidentielle, qui, hier, sous le gouvernement
SARKOZY, criait son attachement aux valeurs de solidarité et de justice sociale,
s’arme aujourd’hui des relents législatifs xénophobes et racistes qui font de
la solidarité un délit dés lors que des citoyens engagés affichent leur soutien
à la lutte des Sans Papiers, mettant ce soutien à ce combat légitime au même
rang que les filières négrières du travail clandestin, bras armé du patronat.
Le CSP 59 dénonce fermement cette tentative d’intimidation
policière et questionne les raisons et l’origine qui la motivent :
S’agit-il d’une ultime manœuvre d’une préfecture revancharde
? ou seraient-ce les méthodes policières du Ministre Valls dans la droite ligne
des Sarkozy, Besson, Hortefeux et Guéant.
Le CSP59 réaffirme que nous ne céderont pas à cet honteux
chantage de poursuite pénale.
NON la solidarité à la lutte des Sans Papiers n’est et ne
sera jamais un délit !
Manifestation hebdomadaire tous les mercredis 18h Place de
la République à Lille
Lille le 12/07/12.