lundi 23 juillet 2012

Lille : Des Roms refoulés d'Euralille

 
Des Roms ont-ils été victimes de discrimination à Euralille ? C'est l'accusation portée par Hervé Barra, bénévole de 58 ans à la Pierre blanche, une association d'aide aux populations les plus précaires. Comme souvent dans ce genre d'affaire, les versions divergent. 
 
Mardi après-midi, affirme le quinquagénaire, il se balade dans le centre de Lille avec quatre Roms : deux filles d'une dizaine d'années et leur maman respective. Il veut offrir à ces familles des vêtements et de la nourriture.
 
Hervé Barra achète des chaussures chez Tati. Le petit groupe de cinq personnes va ensuite à Euralille pour faire des courses à Carrefour.
 
Toujours selon le bénévole associatif, un incident éclate quelques instants après avoir passé la porte principale du centre commercial : « On remontait la galerie marchande pour rejoindre Carrefour quand un agent de sécurité s'est mis en travers de notre chemin et a dit, en parlant des Roms : "Ces gens-là ne sont pas acceptés". » Hervé Barra s'indigne : « Je l'ai repris sur cette phrase en disant que c'est discriminatoire. Il a appelé des vigiles en renfort. Le ton est monté, ils étaient 4-5, assez agressifs et menaçants. Ils nous ont, sans contact physique, mis dehors. » Choqué, l'homme de la Pierre blanche va dans la foulée déposer une main courante au bureau de police attenant. « Je n'étais encore jamais venu à Euralille avec des Roms. Au centre commercial V2 de Villeneuve-d'Ascq, cela m'est déjà arrivé et je n'ai pas eu de problème. Je pense qu'à Euralille, c'est spécial. Apparemment, ils ne veulent pas de Roms et font des procès d'intention en agissant comme si c'était des voleurs. C'est inacceptable ! Hervé Barra s'interroge : « Existe-t-il des instructions de la direction ou des vigiles ont-ils décrété cela ?
 
Réponse d'Anne-Laure Dury, directrice d'Euralille : « Le centre commercial est ouvert à toute personne à partir du moment où le règlement est respecté. » Elle qualifie l'histoire de « non-événement ». Son récit diffère de celui d'Hervé Barra : « Les deux mamans roms, avec leurs filles, faisaient la manche dans le centre commercial. Cela a été confirmé par nos agents de sécurité et un restaurateur. Ils, ainsi qu'une commerçante, les voient d'ailleurs fréquemment mendier. En application de notre règlement qui prohibe la mendicité, pour tous et sans discrimination, les vigiles les ont raccompagnées vers la sortie dans le plus grand calme. » Selon Anne-Laure Dury, se basant sur les dires des gardiens (bin voyons...), les quatre Roms étaient au départ seules, Hervé Barra ne serait arrivé que dans un deuxième temps. Autant de conneries dans la bouche de cette directrice nous laisse un goût de déjà entendu … pathetique . Hervé Barra conteste aussi cet version : « Je les ai accompagnées en permanence. » Il réfute d'ailleurs l'ensemble du scénario de la directrice .
 
Quant à la phrase discriminatoire qui aurait été exprimée par l'un des cerbères, Anne-Laure Dury préfère « ne pas se prononcer, je n'y étais pas ». Révolté, Hervé Barra ne compte pas en rester là. Il envisage un dépôt de plainte. Et s'est rapproché d'une association de lutte contre les discriminations.