Le 13 juillet 2012, la Cour de Cassation de Rome a rendu son
arrêt contre dix manifestants arrêtés à Gênes, lors du contre-sommet du G8 des
20 et 21 juillet 2001. Elle a confirmé leur condamnation pour « dévastation »
et « pillage », avec des peines de six à quinze ans de prison (légèrement
réduites par rapport à celles prononcées par la Cour d’Appel de Gênes du 9
octobre 2009).
Le 5 juillet dernier, elle avait déjà confirmé la
condamnation symbolique de treize hauts responsables de la police italienne,
notamment pour le massacre de l’école Diaz (« complicité dans la fabrication de
fausses preuves »). Aucun d’entre eux n’ira en détention grâce à une amnistie
des "courtes" peines datant de 2006. Ils seront exclus de la fonction
publique pendant cinq ans.
Pour les dix camarades condamnés le 13 juillet, la Cour de
cassation a en revanche confirmé pas moins d’une centaine d’années de prison en
tout. Pour trois manifestants, elle a changé un détail du verdict d’appel,
histoire de justifier son utilité, annulant le délit supplémentaire de
possession de molotov, considérant qu’il était déjà inclus dans leur
condamnation.
D’un côté, 5 manifestants seront à nouveau renvoyés en appel
à l’automne, pas pour statuer sur leur « culpabilité », rendue définitive, mais
uniquement pour réévaluer leur peine selon une nouvelle circonstance atténuante
possible (« avoir agi sous l’effet de la foule en tumulte » !). Carlo Arculeo
(8 ans en appel), Carlo Cuccomarino (8 ans), Antonino Valguarnera (8 ans), Luca
Finotti (10 ans et 9 mois), Dario Ursino (7 ans) restent donc pour l’instant
"en liberté".
D’un autre côté, le verdict d’appel de Gênes d’octobre 2009
devient exécutoire contre les 5 derniers camarades, ce qui signifie leur
incarcération immédiate. Ce sont les plus lourdement condamnés, ceux accusés
d’une partie des attaques du Black Bloc. Il s’agit de Francesco Puglisi (14
ans), Vincenzo Vecchi (12 ans et 6 mois), Marina Cugnaschi (11 ans et 6 mois),
Alberto Funaro (10 ans) et Ines Morasca (6 ans et 6 mois).
Les deux premiers sont actuellement dans la nature et les
carabiniers n’ont pas réussi à mettre la main dessus malgré un mandat d’amener.
Marina et Alberto ont par contre été incarcérés à Milan et Rome dès le lendemain,
samedi 14 juillet, tandis qu’Inès bénéficie provisoirement d’une suspension de
peine, vu qu’elle vient d’accoucher d’une petite fille.
Pour les deux incarcérés, rappelons qu’Alberto Funaro (44
ans) est un animateur historique de Radio Onda Rossa, et que Marina (46 ans)
est une compagnonne anarchiste, qui a par ailleurs une autre peine de quatre
ans en suspend suite aux affrontements de Milan en 2006 contre une
manifestation des fascistes de Forza Nuova.
Le jour de la sentence, une manif sauvage a réuni 300
personnes parties du rassemblement à Trastevere. Elle s’est rendue devant le
ministère de la Justice, où des oeufs, de la peinture rouge, des pétards et un
fumigène ont été jetés contre la façade, avant de se disperser sans
arrestation. Le soir, un groupe d’inconnus masqués en noir a brûlé des
containers érigés en barricade dans le quartier de Pigneto.
Le lendemain a eu lieu un petit rassemblement devant le
commissariat où Alberto s’est rendu avant d’être emmené en prison. Enfin,
dimanche 15 juillet au matin, la police n’a pu que constater qu’une banque
Unicredit située via Somalia à Rome avait eu ses vitres défoncées. A côté, deux
tags disaient "Alberto libero" et "I saccheggiatori siete
voi" ["Les pilleurs c’est vous] avec des A cerclés.