Deux jeunes hommes comparaissaient hier devant le tribunal
correctionnel de Limoges pour avoir giflé un homme qui portait deux insignes
nazis. Alors qu'ils voulaient une loi contre les néonazis, ils sont condamnés à
un mois de prison avec sursis.
« On ne refait pas Nuremberg ici ! Nous sommes à Limoges en
période de paix ! ». Haute tension, hier, au tribunal correctionnel de Limoges.
La présidente Isabelle Parmentier tenait à dépassionner le débat. En vain.
Quand il s’agit de nazisme, les réactions, même contenues, sont viscérales.
Dans la salle, de nombreuses associations ont fait le
déplacement pour soutenir Mathieu et Alban, prévenus des faits de violence en
réunion pour avoir giflé un homme qui arborait sur son tee-shirt deux insignes
nazis : la wolfangel et la totenkopf.
Leur victime s’est révélée être... officier de police. Il
s’est constitué partie civile et a réclamé 2.000 € de dommages et intérêts. Dans
ses déclarations, il a assuré ne pas connaître la signification des insignes. «
J’aime les loups », s’est-il défendu. Alors là il fallait oser …. Encore que
comme ecrivait Michel Audiard « Les
cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît. »
Me Blandine Marty et Me Olivier Pécaud, avocats de la
défense, ont soulevé le problème qui a cristallisé toutes les tensions dans l’assistance
: « Aujourd’hui, ce qu’on nous explique en jugeant Alban et Mathieu, c’est
qu’il y a une loi pour les antifascistes mais pas pour les néonazis qui peuvent
se balader en toute impunité à Limoges avec des insignes nazis, ce qui est
interdit par la loi ».
« Le sujet du jour, ce sont les faits de violence, rétorque
le procureur Jean-Pierre Dartenset. L’histoire est hors sujet, il faut
recentrer le débat ».
Les deux jeunes prévenus ont reconnu les faits sans
difficulté, mais leur sentiment d’injustice est criant.
Mathieu explique son geste, estimant s’être senti lui-même
violenté « au nom de l’humanité » à la vue de ces insignes. « Il y a des règles
et vous vivez dans un pays de droit, assène encore la présidente. Êtes-vous
mandatés pour faire justice vous-même ? ».
« Une loi pour les antifascistes mais pas pour les néonazis
»
Le travail d’intérêt général proposé par le procureur,
Mathieu et Alban l’acceptent du bout des lèvres, tellement il paraît difficile
pour eux de se considérer coupables. « Mais je préfère ça plutôt que lui donner
de l’argent », lâche Alban. Pourtant, après délibération, la présidente a
balayé la proposition du procureur et a condamné les deux jeunes hommes à une
peine d’un mois de prison avec sursis et
à 600 € à payer solidairement à
la victime.
« Vive la justice ! », a-t-on crié depuis la salle,
visiblement choquée par cette lourde peine.