samedi 25 février 2012

Arras (62) la ville de Big Brother


La vidéoprotection passe la seconde à Arras. Le 30 janvier dernier, le conseil municipal a débattu sur le sujet et a pris deux décisions importantes,  le réseau de vidéoprotection de la communauté urbaine est désormais relié au centre de supervision urbain (CSU), dans les locaux de la police municipale arrageoise.

D'autre part, deux policiers municipaux auront, d'ici quelques semaines, les yeux constamment rivés sur les écrans de contrôle reliés aux caméras de la ville. C'est ce qu'on appelle la vidéoprotection active.

Tout est parti d'une prise de parole de la conseillère municipale d'opposition Laure Olivier, lors du conseil municipal du 30 janvier. L'élue a demandé au maire Frédéric Leturque de dresser un bilan de la vidéosurveillance... ou plutôt la vidéoprotection, pour respecter le politiquement correct. Quelques jours plus tard, c'est Thierry Spas, l'adjoint au domaine public et à la police municipale, qui défend le premier magistrat : « il est un peu tôt pour faire un bilan... la vidéosurveillance est encore en phase de développement ! » Certes. Les caméras ont été installées à Arras il y a déjà très longtemps. Jusqu'en 2011, 72 appareils surveillaient uniquement sur les parkings en surface et souterrains.




Le contingent a été complété à la fin de l'année 2010 par 22 caméras braquées « sur l'hôtel de ville, la Grand-Place, la place des Héros, le centre technique municipal, la base de loisirs, la Maison pour tous, la médiathèque de quartier, le palais Saint-Vaast, etc. », précise Thierry Spas. Le but  : « protéger le patrimoine architectural ». Le dispositif a été relié au centre de supervision urbain (CSU, d'un coût de 587 000 euros), utilisé à partir de 2011. Cette structure est placée sous la responsabilité de Christian Delannay, le chef de la police municipale.

Si l'élue écologiste Laure Olivier a demandé un bilan de la vidéoprotection, c'est parce que la municipalité arrageoise entend lui faire franchir un nouveau cap. « Dans les semaines qui viennent, nous allons passer à la vidéoprotection active », annonce Christian Delannay. La communauté urbaine a demandé à la Ville d'Arras de relier son réseau de caméras au CSU en échange d'une « contribution au fonctionnement ». Traduction : en échange de moyens financiers et humains.




Au titre de la participation aux charges de fonctionnement du CSU, la communauté urbaine fournira une contribution de 60 000 euros et mettra à disposition de la Ville deux agents. Ils prendront leurs fonctions dans les semaines à venir. « Comme avant, les caméras enregistreront 24/24h. Mais désormais, les deux agents de vidéosurveillance visionneront les seize écrans du CSU », détaille Thierry Spas. C'est ça, la vidéoprotection active.

Les deux agents de vidéoprotection (c'est leur titre officiel) n'auront aucun pouvoir de décision. Dans le cas où ils repéreraient quelque chose, ils devront avertir la DDSP (direction départementale de la sécurité publique) afin de rendre possible une interpellation. Si un fait se produit en dehors des heures de présence des deux agents (notamment la nuit), les extraits précis des enregistrements vidéo peuvent être demandés par le Procureur de la République ou les forces de l'ordre.

Thierry Spas et Christian Delannay l'assurent, il n'y a aucun usage abusif du dispositif. Les caméras sont rivées sur les bâtiments, et tout ce qui sort du domaine public est automatiquement flouté, comme l'impose la loi. «  Les enregistrements se font par cycle de quinze jours, reprend Christian Delannay. Tous les jours, la dernière journée du cycle s'efface ». Et pas question non plus d'utiliser la vidéoprotection pour surveiller le stationnement... « Ça n'est vraiment pas dans notre optique ! » Dernier verrou de sécurité, un comité éthique qui veille au respect d'une charte déontologique et encadre le régime de vidéoprotection. Il est composé d'élus nommés par le maire et de personnalités comme Gérard Barbier, président de l'UFC Que choisir, le procureur Hugues Weremme, Me Antoine Vaast, bâtonnier du barreau d'Arras et le directeur de la DDSP Thierry Alonso. Le comité a d'ailleurs donné son feu vert à la communauté urbaine pour installer de nouvelles caméras, notamment sur le site de la Citadelle, d'ici la fin de cette année.

Tout va bien au pays de big brother non ????




Source du billet : L'Avenir de l'Artois