L'étau semble se resserrer pour les militants du CREA (Collectif de réquisition d'entraide et d'autogestion). Une menace d'expulsion pèse sur deux des quatre bâtiments du quartier du Busca qu'ils squattent ou ont réquisitionnés, c'est selon. Parmi les résidants impromptus, une quinzaine de militants, le noyau dur de l'organisation, ainsi que 21 familles qui étaient jusqu'alors dans la rue. « Ce sont des familles qui nous sont adressées par des travailleurs sociaux, des demandeurs d'asiles ou des familles qui sont entrées légalement en France mais n'ont pas de visa de travail », raconte May, l'une des militantes et occupantes d'un immeuble.
le 21 février, les occupants devront avoir quitté l'immeuble situé au 16 allées des Demoiselles. Une décision du tribunal d'instance de Toulouse devant lequel ils avaient été assignés en décembre. « À partir du 21, le propriétaire de l'immeuble, une SCI, peut faire appel à la préfecture pour faire exécuter la décision. Nous appelons à un rassemblement devant la préfecture ce jour-là en espérant que ses services, même si ils n'y sont pas obligés pour les squats, respectent la trêve hivernale. D'autant que quatre familles avec enfants en bas âge sont concernées », rappelle May.
Dans le deuxième immeuble où les jours du CREA sont comptés, c'est la préfecture qui a déposé, début janvier, un déféré devant le tribunal administratif. « Nous avions déjà tenté une procédure en mai dernier, de référé cette fois, mais le tribunal nous avait déboutés sur une question de forme », explique Françoise Souliman, secrétaire général de la préfecture de Haute-Garonne. Contrairement aux trois autres immeubles qui sont des propriétés privées, le bâtiment du 70 allées des Demoiselles, qui abritait autrefois l'AFPA, appartient à l'État. Il est occupé par le centre social autogéré du CREA ainsi que le GPS, Groupement pour la défense du travail social, qui s'occupe de SDF en situation de grande détresse. « Nous avons signé un bail pour deux ans avec le GPS qui a accepté dialoguer », raconte Françoise Souliman. « Pour le CREA, c'est autre chose. Nous avons tendu la main, nous n'avons jamais pu négocier. Nous ne sommes pas fermés. Pourquoi pas récupérer ce bâtiment dans un but social, mais pas en autogestion comme c'est le cas aujourd'hui. » Et pourquoi pas garder cette autogestion qui est pour nous le seul moyen de gestion équitable.