Entre 100 et 200 métallurgistes ont investi dans le calme les locaux de la direction de l'usine ArcelorMittal de Florange (Moselle), lundi vers 8 heures. Répondant à l'appel d'une intersyndicale CFDT-CGT-FO-CFE/CGC, les ouvriers, pour la plupart casqués, sont entrés dans les bureaux aux cris de «Mittal, on veut du travail»., avant de se rendre dans les étages supérieurs, dont la direction générale était absente. Les métallurgistes se sont ensuite installés avec leurs drapeaux et leurs dossards chamarrés dans la grande salle du comité d'établissement. «Aujourd'hui, Florange est à nous, Florange est à vous», a crié un syndicaliste sous les vivas de ses camarades.
«Aujourd'hui, nous sommes les maîtres à bord et la direction ne reviendra que lorsque le marché le permettra», a renchéri Edouard Martin, membre CFDT du Comité central d'entreprise, promettant «au moins une action par semaine jusqu'au 6 mai», date du deuxième tour de l'élection présidentielle. «Nous resterons dans ces bureaux tant que les haut-fourneaux de l'usine n'auront pas redémarré», affirme encore le responsable CFDT. «L'Etat a sauvé les Lejaby. Il doit intervenir pour nous», a poursuivi le responsable FO, Walter Broccoli. Bon là en même temps faut pas rêver le gouvernement n’en a rien à faire d’eux ou juste pour une récupération électoraliste.
Vers 10 heures, les protestataires étaient confortablement installés dans les locaux administratifs du site mosellan où bouillaient les cafetières et où l'on confectionnait les sandwiches. Sur le parvis ensoleillé, les responsables syndicaux enchaînaient les interviews aux chaînes de télévision dont l'une, NHK, avait envoyé une équipe du Japon. En fin de matinée, des tentes commençaient à être dressées sur les pelouses de l'usine pour «officialiser» l'occupation, a expliqué Jean Mangin, responsable CGT. «Ce sera le village de la résistance, où les ouvriers pourront venir parler, s'exprimer sur leur lutte et défendre leur outil de travail», a-t-il ajouté.
Dans un communiqué publié à Paris, la direction d'ArcelorMittal France a dit «vouloir croire que la raison l'emportera sur des actions qui risquent d'empêcher un dialogue social constructif». Nous espérons surtout que les employés ne lâcheront pas pour des ersatz de promesses et qu’ils tiendront jusque la victoire totale.
Le passage à l'action avait été décidé jeudi dernier, lors d'une assemblée générale de l'intersyndicale CGT-CFDT-FO-CFE/CGC, à laquelle assistaient 800 salariés, sous-traitants et intérimaires de l'aciérie mosellane. L'intersyndicale avait également invité les sidérurgistes luxembourgeois et belges à participer à une manifestation le 29 février à Metz, dans le cadre d'une journée d'action européenne de la métallurgie. Jeudi, Edouard Martin (CFDT) avait exigé que Zebulon 1er intervienne pour que le travail reprenne à l'aciérie. «S'il se défile, avait-il lancé, je vous garantis qu'à partir de la semaine prochaine et d'ici au 6 mai (date du 2e tour de la présidentielle), Florange va être le cauchemar du gouvernement».
Selon Les Echos de lundi, les syndicats n'excluent pas d'autres opérations visant l'Etat et la Commission européenne. «Nous ne serons pas les Grecs de la sidérurgie française, et Florange va devenir le cauchemar de ce gouvernement», promettent les métallos lorrains, cités par le quotidien économique sur son site. L'usine emploie 5 000 personnes, dont 3 000 en CDI. Pour les syndicats, la décision de ne pas remettre en route la filière liquide à Florange annonce une «mort programmée du site». ArcelorMittal, qui a décidé récemment la fermeture définitive de hauts fourneaux à Liège (Belgique) et Madrid (Espagne), assure qu'il ne s'agit, en Lorraine, que d'une mise en veille temporaire rendue nécessaire par une demande insuffisante. Ce qui est certain c’est que nous soutenons l’action de ces ouvriers face au capitalisme le plus réducteur d’avenir. Et nous suivront leurs actions…