Le géant américain Monsanto a été jugé responsable par le tribunal de Lyon de l'intoxication en 2004 d'un agriculteur charentais par un puissant herbicide, ouvrant la voie à des dommages et intérêts, ce qui constitue une première en France. « C'est une décision exemplaire qui fera date », car « ça intéresse les agriculteurs un peu partout dans le monde », a commenté l'avocat de l'agriculteur, Me François Lafforgue, après que le leader mondial de l'agrochimie a été reconnu responsable du préjudice de Paul François suite à l'inhalation du produit Lasso.
Monsanto a été condamné à indemniser entièrement ce céréalier de Bernac (Charente) pour le préjudice subi, le tribunal désignant deux experts médicaux pour en déterminer le montant. Monsanto France a annoncé que la firme envisageait de faire appel.
Le 27 avril 2004, Paul François, aujourd'hui âgé de 48 ans et invalide, avait reçu au visage des vapeurs de Lasso en ouvrant la cuve d'un pulvérisateur. Il avait été rapidement pris de nausées puis de troubles l'obligeant à interrompre son activité pendant près d'un an. En 2005, des analyses relevaient dans son organisme des traces de monochlorobenzène, un solvant toxique, principal composant du Lasso. M. François avait obtenu en justice, en 2008, que ses troubles soient reconnus comme maladie professionnelle par la Mutualité sociale agricole.
La dangerosité du Lasso avait été établie dès les années 1980, conduisant à son interdiction au Canada, en Grande-Bretagne et en Belgique, bien avant son retrait du marché français, en 2007.