Liberté pour les syndicalistes ! Solidarité avec la lutte du
peuple kurde !
Le gouvernement turque a organisé, le 25 juin, une opération
de police dans plus de 20 départements, dans le cadre de la répression contre
le KCK (Union des Communauté du Kurdistan) ; le siège de la Confédération des
Syndicats des Travailleurs/ses du secteur public (KESK) a été perquisitionné,
plus de 70 syndicalistes kurdes membres de divers syndicat affiliés à la (KESK)
ont été arrêté-es et placé-es en garde à vue. A l’issue de celle-ci,
aujourd’hui, 22 d’entre eux/elles ont été emprisonnés, 6 dont le président de
la Confédération sont toujours en interrogatoire devant le juge.
KESK mène une lutte active pour la conquête des droits des
travailleur/ses du secteur public et contre les politiques néolibérales du
gouvernement AKP.
« Nous vivons une situation que nous n’avons même pas vu
pendant les coups d’État, depuis le coup d’État de 1980 c’est la première fois
qu’un président de confédération est mis en garde à vue. Bien que les
arrestations soient devenues ordinaires en Turquie cette opération est d’une
ampleur sans précédant », a déclaré Tombul, le secrétaire général de KESK. La
cause de cette opération tient dans les nombreuses luttes et grèves menées par
la Confédération, et tous les mis-es en garde à vue ont comme point commun
d’être actifs/ves depuis des années dans les luttes et d’être kurdes.
« Le gouvernement AKP (Parti de la Justice et du
Développement, au pouvoir depuis 2002), qui arrête, emprisonne tout-e-s celles
et ceux qui luttent pour les droits et libertés, pour la paix et la démocratie,
croit qu’en mettant en garde à vue les membres et dirigeant-es de KESK, qui
lutte contre les pratiques antidémocratiques et répressives, il pourra nous
faire taire et nous décourager, mais il se trompe, la répression ne nous fera
pas abandonner la lutte », a- t-il ajouté.
La participation à des actions et activités syndicales de
KESK est considéré comme délit lors des interrogatoires. Ainsi, lors des
interrogatoires, les gardé-e-s à vue se sont vus posé des questions du type «
vous avez dit des slogans comme : les femmes membres de KESK sont notre fierté,
nous ne nous soumettrons pas à l’AKP, les travailleurs/ses qui luttent
vaincront », « Pourquoi avez-vous participé à la grève du 21 décembre organisée
par les syndicats du secteur de la santé ? », « Pourquoi avez-vous participé à
l’action de brûlage des bordereaux devant le ministère ? »
C’est l’État qui commet un délit en considérant comme des
délits les activités syndicales !
La vice-présidente du BDP (Parti légal kurde), Gültan
Kışanak, a déclaré « Nous savons bien que c’est parce que la Confédération KESK
est le foyer de contestation et de résistance le plus fort de ce pays, c’est
parce qu’elle représente les droits des travailleur/ses, qu’elle lutte contre
les inégalités, et qu’elle travaille pour la paix que l’on veut la faire
taire.[...] A travers cette opération ils disent : ne faites pas de
manifestation, ne demandez pas des conventions collectives avec le droit de
grève, ne dites rien sinon on vous affichera comme étant membres du KCK ! »
Cette opération est un des épisodes quotidiens de la terreur
d’État et s’inscrit dans un contexte de répression violente envers le mouvement
kurde, le mouvement social et plus largement toute forme d’opposition qui
s’exprime contre le gouvernement AKP. Chaque jour la Turquie se réveille avec
une nouvelle opération d’arrestations et de perquisitions massives, perpétrées
au petit matin par les équipes de la police « antiterroriste ».
Il y a quelques semaine de plus de 90 étudiant-es en
médecine, syndiqué-es et accusé-e-s d’être membres du KCK, avaient été
arrêté-es et 13 d’entre eux/elles emprisonné-es. Le14 février dernier, 9 femmes
syndicalistes avaient été emprisonnées suite à une opération contre le KESK.
Ceci s’inscrit dans la vague des arrestations et
emprisonnements massives démarrées en 2009 après la victoire électorale du BDP
(parti légal kurde) aux élections municipales et qui ont connu, une forte
accélération depuis septembre 2011 : plus de 10 000 personnes ont été mises en
garde à vue et la plupart emprisonnée. Ces arrestations et emprisonnements
visent principalement des kurdes accusé-es d’être membres du KCK (Union des
Communautés du Kurdistan), qu’ils/elles soient syndicalistes, journalistes,
universitaires, étudiant-es, avocat-es. Parmi les personnes actuellement
emprisonnées se trouvent près de 1 000 étudiant-es, 40 syndicalistes, 97
journalistes, 40avocates, 30 distributeurs/trices de journaux, des centaines
d’enfants, des défenseurs des droits humains, de femmes activistes, et des
milliers de membres du BDP, dont des maires (33), député-es (6), membres de
conseils municipal, responsables du parti et des centaines d’élu-es.
A travers ces arrestations et emprisonnements de masse,
opérées en se servant de la loi antiterroriste, le gouvernement veut faire
taire et museler les forces d’opposition et le mouvement social.
Ces arrestations et emprisonnements massifs montrent la
nature autoritaire et néolibérale de l’AKP qui parade sur la scène
internationale en se posant comme modèle de démocratie et exemple de réussite
économique. La France continue de coopérer dans les domaines économique et
sécuritaire avec le gouvernement d’Ankara, et l’Union Européenne se distingue
par son silence assourdissant sur les violations massives de droits humains en
Turquie. Pendant ce temps, le régime turc, présenté dans les médias occidentaux
comme un modèle de réussite économique et de démocratie pour les pays arabes,
pratique la mise en détention de masse des opposant-es !
Quand à la réussite économique elle se nourrit d’une
restriction toujours plus grande des droits des travailleurs/ses, de la
généralisation du travail précaire sans sécurité sociale et de la répression
antisyndicale.
Il y a quelques semaines l’Assemblée votait une loi
interdisant le droit de grève dans le secteur aérien, au même moment, plus de
300 salarié-es de la Turkish Airlines qui avaient participé à des protestations
contre cette loi étaient averti-e-s par SMS de leur licenciement.
L’Union syndicale Solidaires exprime son soutien et sa
solidarité avec la Confédération KESK.
L’Union syndicale Solidaires exige la libération immédiate
des syndicalistes emprisonné-es ; leur seul « délit » est de lutter pour les
droits et libertés syndicales, pour la paix et la démocratie, et l’arrêt
immédiat de la répression antisyndicale.
L’Union syndicale Solidaires condamne fermement les
arrestations arbitraires de syndicalistes, d’étudiant-e-s, de journalistes, de
militant-e-s politiques kurdes, ainsi que les emprisonnements de masse opérés
par les autorités turques contre le mouvement syndical, associatif, le
mouvement kurde, et plus largement contre toute forme d’opposition.
Ni la répression ni la prison n’arrêterons les luttes !
Abrogation des lois antiterroriste en Turquie et ailleurs !
Abolition des tribunaux spéciaux !
28 juin 2012