dimanche 1 juillet 2012

Halte à la répression antisyndicale en Turquie (communiqué de Solidaires)


Liberté pour les syndicalistes ! Solidarité avec la lutte du peuple kurde !

Le gouvernement turque a organisé, le 25 juin, une opération de police dans plus de 20 départements, dans le cadre de la répression contre le KCK (Union des Communauté du Kurdistan) ; le siège de la Confédération des Syndicats des Travailleurs/ses du secteur public (KESK) a été perquisitionné, plus de 70 syndicalistes kurdes membres de divers syndicat affiliés à la (KESK) ont été arrêté-es et placé-es en garde à vue. A l’issue de celle-ci, aujourd’hui, 22 d’entre eux/elles ont été emprisonnés, 6 dont le président de la Confédération sont toujours en interrogatoire devant le juge.

KESK mène une lutte active pour la conquête des droits des travailleur/ses du secteur public et contre les politiques néolibérales du gouvernement AKP.

« Nous vivons une situation que nous n’avons même pas vu pendant les coups d’État, depuis le coup d’État de 1980 c’est la première fois qu’un président de confédération est mis en garde à vue. Bien que les arrestations soient devenues ordinaires en Turquie cette opération est d’une ampleur sans précédant », a déclaré Tombul, le secrétaire général de KESK. La cause de cette opération tient dans les nombreuses luttes et grèves menées par la Confédération, et tous les mis-es en garde à vue ont comme point commun d’être actifs/ves depuis des années dans les luttes et d’être kurdes.

« Le gouvernement AKP (Parti de la Justice et du Développement, au pouvoir depuis 2002), qui arrête, emprisonne tout-e-s celles et ceux qui luttent pour les droits et libertés, pour la paix et la démocratie, croit qu’en mettant en garde à vue les membres et dirigeant-es de KESK, qui lutte contre les pratiques antidémocratiques et répressives, il pourra nous faire taire et nous décourager, mais il se trompe, la répression ne nous fera pas abandonner la lutte », a- t-il ajouté.

La participation à des actions et activités syndicales de KESK est considéré comme délit lors des interrogatoires. Ainsi, lors des interrogatoires, les gardé-e-s à vue se sont vus posé des questions du type « vous avez dit des slogans comme : les femmes membres de KESK sont notre fierté, nous ne nous soumettrons pas à l’AKP, les travailleurs/ses qui luttent vaincront », « Pourquoi avez-vous participé à la grève du 21 décembre organisée par les syndicats du secteur de la santé ? », « Pourquoi avez-vous participé à l’action de brûlage des bordereaux devant le ministère ? »

C’est l’État qui commet un délit en considérant comme des délits les activités syndicales !

La vice-présidente du BDP (Parti légal kurde), Gültan Kışanak, a déclaré « Nous savons bien que c’est parce que la Confédération KESK est le foyer de contestation et de résistance le plus fort de ce pays, c’est parce qu’elle représente les droits des travailleur/ses, qu’elle lutte contre les inégalités, et qu’elle travaille pour la paix que l’on veut la faire taire.[...] A travers cette opération ils disent : ne faites pas de manifestation, ne demandez pas des conventions collectives avec le droit de grève, ne dites rien sinon on vous affichera comme étant membres du KCK ! »

Cette opération est un des épisodes quotidiens de la terreur d’État et s’inscrit dans un contexte de répression violente envers le mouvement kurde, le mouvement social et plus largement toute forme d’opposition qui s’exprime contre le gouvernement AKP. Chaque jour la Turquie se réveille avec une nouvelle opération d’arrestations et de perquisitions massives, perpétrées au petit matin par les équipes de la police « antiterroriste ».

Il y a quelques semaine de plus de 90 étudiant-es en médecine, syndiqué-es et accusé-e-s d’être membres du KCK, avaient été arrêté-es et 13 d’entre eux/elles emprisonné-es. Le14 février dernier, 9 femmes syndicalistes avaient été emprisonnées suite à une opération contre le KESK.

Ceci s’inscrit dans la vague des arrestations et emprisonnements massives démarrées en 2009 après la victoire électorale du BDP (parti légal kurde) aux élections municipales et qui ont connu, une forte accélération depuis septembre 2011 : plus de 10 000 personnes ont été mises en garde à vue et la plupart emprisonnée. Ces arrestations et emprisonnements visent principalement des kurdes accusé-es d’être membres du KCK (Union des Communautés du Kurdistan), qu’ils/elles soient syndicalistes, journalistes, universitaires, étudiant-es, avocat-es. Parmi les personnes actuellement emprisonnées se trouvent près de 1 000 étudiant-es, 40 syndicalistes, 97 journalistes, 40avocates, 30 distributeurs/trices de journaux, des centaines d’enfants, des défenseurs des droits humains, de femmes activistes, et des milliers de membres du BDP, dont des maires (33), député-es (6), membres de conseils municipal, responsables du parti et des centaines d’élu-es.

A travers ces arrestations et emprisonnements de masse, opérées en se servant de la loi antiterroriste, le gouvernement veut faire taire et museler les forces d’opposition et le mouvement social.

Ces arrestations et emprisonnements massifs montrent la nature autoritaire et néolibérale de l’AKP qui parade sur la scène internationale en se posant comme modèle de démocratie et exemple de réussite économique. La France continue de coopérer dans les domaines économique et sécuritaire avec le gouvernement d’Ankara, et l’Union Européenne se distingue par son silence assourdissant sur les violations massives de droits humains en Turquie. Pendant ce temps, le régime turc, présenté dans les médias occidentaux comme un modèle de réussite économique et de démocratie pour les pays arabes, pratique la mise en détention de masse des opposant-es !

Quand à la réussite économique elle se nourrit d’une restriction toujours plus grande des droits des travailleurs/ses, de la généralisation du travail précaire sans sécurité sociale et de la répression antisyndicale.

Il y a quelques semaines l’Assemblée votait une loi interdisant le droit de grève dans le secteur aérien, au même moment, plus de 300 salarié-es de la Turkish Airlines qui avaient participé à des protestations contre cette loi étaient averti-e-s par SMS de leur licenciement.

L’Union syndicale Solidaires exprime son soutien et sa solidarité avec la Confédération KESK.

L’Union syndicale Solidaires exige la libération immédiate des syndicalistes emprisonné-es ; leur seul « délit » est de lutter pour les droits et libertés syndicales, pour la paix et la démocratie, et l’arrêt immédiat de la répression antisyndicale.

L’Union syndicale Solidaires condamne fermement les arrestations arbitraires de syndicalistes, d’étudiant-e-s, de journalistes, de militant-e-s politiques kurdes, ainsi que les emprisonnements de masse opérés par les autorités turques contre le mouvement syndical, associatif, le mouvement kurde, et plus largement contre toute forme d’opposition.

Ni la répression ni la prison n’arrêterons les luttes !

Abrogation des lois antiterroriste en Turquie et ailleurs ! Abolition des tribunaux spéciaux !