mercredi 1 février 2012

Condamnation du documentaire « Le Mur » par la justice


Les psychanalystes ont gagné une bataille contre les parents d’enfants autistes soutenant la réalisatrice du documentaire « Le Mur ». Mais la guerre n’est pas finie. Sophie Robert fait appel du jugement rendu ce jeudi 26 janvier par le tribunal de grande instance de Lille, annonce son avocat Benoît Titran.

Trois psychanalystes interrogés dans son film la poursuivaient pour « atteinte à l’image et à la réputation ». Ils estimaient que les propos qu’elle avait retenus dans son documentaire, une charge contre le traitement psychanalytique de l’autisme, avaient été « dénaturés ». Le juge leur a donné raison.

Sophie Robert est condamnée à leur verser un total de 19 000 euros, et à retirer les (longs) extraits des interviews du film, ce qui entraîne l’impossibilité de le diffuser en l’état. La réalisatrice et productrice devra également payer 9 000 euros pour la publication du dispositif de la décision dans trois revues choisies par les plaignants, et 6 000 euros pour les frais de justice.

Me Benoît Titran, estomaqué, estime cette décision de justice « dangereuse pour la liberté d’informer » : « Ce qui est critiqué c’est le principe même du travail de montage, ça remet en question n’importe quel travail de documentaire. Les psychanalystes interviewés se sont piégés eux-mêmes dans leurs réponses, elle ne les a pas piégés. »






Dans le jugement de douze pages, que Rue89, a pu consulter, le tribunal fonde sa décision sur une comparaison entre les rushes qui avaient été saisis, donc les interviews initiales, et le documentaire tel qu’il a été monté. Exemples :

°Sur les causes de l’autisme, Sophie Robert « laisse faussement apparaître que pour Alexandre Stevens les parents sont désignés comme responsables ou fautifs ». Dans l’interview intégrale,le psychanalyste est plus nuancé : « Parfois, quand la mère est déprimée, enceinte, ou à la naissance, ça peut parfois [arriver], l’enfant peut être autiste et parfois pas. »

°Sur l’apport des neurosciences, le tribunal estime que les propos d’Eric Laurent ont été tronqués. A un moment de l’interview, il déclare : « La description de nous-mêmes comme mécanisme biologique se complexifie des hypothèses amenées par les neurosciences, par la biologie fondamentale, par tel chercheur, telle équipe, etc, nous les commentons [...] ».

Le tribunal estime donc qu’« il ne peut être retenu de ces propos que le demandeur serait dans le refus des connaissances scientifiques actuelles ».

La réalisatrice est actuellement à Philadelphie, aux Etats-Unis, où elle a été invitée par l’association internationale ABAI, promoteur des méthodes cognitivo-comportementales, à présenter son film.





Source : Groupe Pavillon Noire