En ce dimanche 29 avril 2012 quoi de neuf en ce monde ?? ?
Retardés, démentis ou prêts à être dégainés, Les plans sociaux vony partout de se multiplier après le 6 mai.
Inventaire.
L’après présidentielle risque d’être violent sur le front de
l’emploi. Les plans sociaux vont tomber. Jusqu’ici, le gouvernement fait mine
de s’activer pour sauver les entreprises en difficulté, freinant des quatre
fers pour éviter de nouveaux chômeurs. Du moins jusqu’à l’élection. Après...
L’inquiétude est forte à l’usine Peugeot-Citroën d’Aulnay-sous-Bois
depuis la divulgation, en juin dernier, de documents de travail internes du
constructeur. Ils émettent l'hypothèse d'une fermeture de l’usine. Plus de
3.300 salariés sont concernés. Les salariés ont obtenu une réunion avec le sinistre
de l’Industrie Eric Besson et la direction de PSA. Un premier pas insuffisant
pour les syndicats qui craignent que PSA ne cherche à gagner du temps. «Une fois
que les élections seront passées, plus personne ne s’en souviendra mais nous,
nous aurons en face de nous le plan de fermeture de l’usine», lance Jean-Pierre
Mercier, délégué CGT du site d’Aulnay, par ailleurs membre de Lutte Ouvrière.
Dès la mi-février, le secrétaire général de la CFDT,
François Chérèque, tirait la sonnette d’alarme sur Public Sénat. «Certains chef
d’entreprises et DRH me disent que, toutes les semaines, le ministre du Travail
leur téléphone pour leur demander leur intention vis-à-vis de l’emploi et leur
dire que s’ils avaient l’intention de licencier, qu’ils les reportent à plus
tard. Plusieurs me l’ont dit. C’est une réalité», affirmait dans l’émission
“Preuves par 3” le leader syndical. Xavier Bertrand avait plus ou moins
démenti. Sans dissiper les craintes.
Dans un secteur comme la grande distribution et
l’alimentaire, les mois à venir s’annoncent tendus. «On sait qu’au niveau de la
COOP d’Alsace, qui est sous enseigne Leclerc, et pour d’autres entrepôts, des
plans sociaux existent. Ils sont bien ficelés. Ils pourraient sortir après la
présidentielle», affirme à publicsenat.fr Dejan Terglav, secrétaire fédéral FO
en charge du secteur. Il continue : «On sait qu’à Carrefour des plans existent
aussi, avec des suppressions d’emplois importantes. Là aussi, ils sont pour le
moment bloqués».
Pour compléter ce sombre tableau, «l’agro-alimentaire
pourrait faire la même chose. Tous les grands groupes sont concernés : Danone,
Nestlé, Coca-Cola. Des plans sont prêts. Est-ce qu’ils vont l’appliquer ? A
quel degré ? Personne ne sait encore», selon Dejan Terglav. Sur les 640.000
emplois en France du secteur grande distribution et alimentaire, «il pourrait y
avoir 20 à 30.000 suppressions d’emplois selon un scenario noir», affirme le
délégué FO. «Et encore, je suis modeste».
Tous les secteurs sont touchés. La banque est concernée. Des
plans de départs volontaires, comme à la Société générale avec 800 personnes,
ont déjà été annoncés. L’assurance aussi. Selon La Tribune, Groupama «ne pourra
échapper au plan social». Des «craintes» existent aussi dans des secteurs comme
«les services à la personne ou le secteur associatif», relève Laurent Berger,
secrétaire national CFDT en charge de l’emploi.
La Fnac, quant à elle, a déjà annoncé un plan social. 310
emplois seront supprimés en France. Selon le magazine Challenges, Xavier
Bertrand – là encore – aurait demandé de ne pas aller plus loin d’ici
l’élection. «On n’a eu ni démenti, ni confirmation. Ils ne donneront pas
d’autres informations. Du moins jusqu’à la présidentielle», croit André
Chapuis, délégué CGT à la Fnac.
Le gouvernement freine des quatre fers. Quand l’AFP annonce
en novembre dernier 1.000 à 1.200 suppressions d’emplois chez le géant du
nucléaire Areva, le PDG Luc Oursel est aussitôt convoqué à Bercy et François
Baroin dément tout plan social. Impossible à accepter pour l’Etat actionnaire,
à 87%.
A la Sernam, c’est 1.400 personnes qui sont menacées de
perdre leur emploi. Seul repreneur possible : Geodis, filiale de l’entreprise
publique SNCF. La Sernam appartenait à la SNCF avant d’être privatisée en 2005,
par injonction de Bruxelles. Le Plan de Géodis prévoit 826, voire juste 622
sauvegardes d’emplois. Le tribunal de commerce de Nanterre donnera demain sa
décision sur cette offre.
Chez Air France, après une première phase de réduction des
coûts annoncée par le nouveau PDG Alexandre de Juniac, le plat de résistance,
avec des réformes structurelles, est prévu… pour juin. Soit après le second
tour. L’ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde marche sur des œufs, avec
un Etat actionnaire à hauteur de 16%. Le gouvernement aurait là aussi interdit
toute annonce de licenciement avant le scrutin. Après, l’incertitude est de
mise.
«Chez les salariés, il y a pas mal d’interrogations et de
craintes sur ce qui va se passer», raconte une cadre du groupe. «Tout le monde
attend ce qui sera annoncé en juin. Forcément, pleins d’hypothèses circulent :
plan de départs volontaires, non-remplacement de départs à la retraite,
aménagement du temps de travail, plan de licenciement pur et dur...» Béatrice
Lestic, secrétaire générale de la CFDT Air France, confirme ce sentiment : «On
a des craintes qu’il y ait un plan social après la présidentielle. Est-ce que
ce sera une version douce : un plan de départ volontaire ? Ou une version plus
brutale ? Tout le projet visant à augmenter la productivité va générer des
sureffectifs. C’est le traitement de ce sureffectif qui est en question. La
direction nous fait savoir qu’elle fera tout éviter un plan social dur». Une
chose est sûre : le gel des embauches et les non-remplacements, déjà décidés
depuis quelques mois, ne pourra que continuer. C’est déjà une manière moins
brutale de réduire la masse salariale. Il n’y a pas que le plan social pour
dégraisser.
C’est tout ? Non. La compagnie maritime SNCM, qui opère
notamment des liaisons avec la Corse, menace d’appliquer un plan social de 800
emplois.
Avec des prévisions de croissance faibles, la conjoncture
s’annonce toujours tendue pour le pays. Le gouvernement prévoit 0,7% de
croissance en 2012. Une prévision supérieure à celles du FMI (0,2%), de l'OCDE
(0,3%), de la Commission européenne (0,4%)... «Les CDD qui arrivent à terme et
ne sont pas renouvelés. Cela a permis jusqu’ici de limiter ou retarder les
plans sociaux. Maintenant, on arrive à l’os», souligne Laurent Berger de la
CFDT. Il ajoute : «Quelque soit le candidat élu, la situation de l’emploi sera
compliquée. Il n’y aura pas de période de grâce».