A Madrid, des dizaines de milliers de personnes protestaient
contre les nouvelles mesures d'austérité du gouvernement, qui cherche à dégager
10 milliards d'économies dans ces domaines très sensibles.
«Les coupes dans la santé et l'éducation, c'est la dernière
chose que nous pouvions supporter, nous la classe des travailleurs. Sans ça,
qu'est-ce qu'il nous reste? Nous n'avons même plus de travail», s'indigne
Domingo Zamora, 60 ans, employé du secteur public. «C'est criminel de couper
dans la santé», «Peuples d'Europe, levez-vous» et «NON» pouvait-on lire sur les
pancartes brandies par les manifestants sous la pluie. La plupart des slogans
étaient accompagnés du dessin d'une paire de ciseaux, symbolisant les coupes
budgétaires.
A Madrid, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont
défilé, selon les journalistes sur place, 40'000, selon les syndicats. A Barcelone,
environ 700 manifestants se sont rassemblés selon la police, 4000 selon les
syndicats.
En tout, des manifestations étaient organisées dans 55
villes d'Espagne par une «plateforme sociale de défense de l'Etat providence et
des services publics». Les deux principaux syndicats espagnols, CCOO et UGT,
s'étaient joints au mouvement.
La mobilisation était beaucoup moins importante dimanche que
lors des grandes manifestations organisées récemment en Espagne contre la cure
d'austérité, comme lors de la grève générale du 29 mars. Mais les syndicats ont
appelé à manifester à nouveau le 1er mai, et à poursuivre le mouvement ces
prochains mois..
Ils tentent ainsi de persuader la classe dirigeante que la
lutte contre les déficits ne passe pas exclusivement par les baisses de
dépenses, mais aussi par des mesures de relance de la croissance. L'Espagne,
quatrième économie de la zone euro, connaît un taux de chômage de près de 25%,
le double chez les jeunes.
Engagé dans une course à la réduction du déficit, le
gouvernement conservateur espagnol a adopté le 20 avril un plan de rigueur
visant les secteurs très sensibles de la santé et de l'éducation, gérés en
Espagne par les 17 régions. Le pays espère ainsi générer 10 milliards d'euros
(12 milliards de francs) d'économies par an.
L'Espagne a douze mois pour réduire de plus de trois points
son déficit, de 8,51% à 5,3% du Produit intérieur brut (PIB). Elle a déjà
annoncé le budget le plus austère de son histoire, pour récupérer 27,3
milliards d'euros.