En dépit de la récente loi Lagarde censée rendre moins
fréquents le crédit renouvelable et sa spirale infernale, l'UFC-Que Choisir
estime que certains établissements ont toujours des mauvaises pratiques et a
porté plainte contre cinq d'entre eux.
"Nous ne faisons pas de procès de la loi Lagarde car
c'était une loi assez satisfaisante. Elle répondait assez bien à nos principaux
problèmes mais les mauvaises pratiques des établissements ont la vie
dure", a expliqué mercredi Olga de Sousa, juriste à l'UFC-Que Choisir.
La loi Lagarde, du nom de l'ancienne Sinistre de l'Economie
et maintenant chef des affameurs du FMI, entrée en vigueur en mai 2011, insiste
notamment sur la nécessité d'offrir à l'emprunteur la possibilité de choisir
entre crédit renouvelable ou non pour tous les crédits d'un montant supérieur à
1.000 euros.
Or, l'association de consommateurs pointe du doigt le fait
que les sites internet de Sofinco, Financo, Cetelem, Cofidis et Cofinoga ne
mettent pas en avant les alternatives au crédit renouvelable. Elle déplore
qu'ils les mentionnent de "manière accessoire", voire qu'ils les
"occultent".
Une position partagée par Nicolas Pécourt, directeur de la
communication de Crédit Agricole Consumer Finance, qui gère la marque Sofinco:
"Nous avons pris connaissance par la presse de cette plainte de l'UFC-Que
Choisir sans en connaître les motifs exacts".
Cofidis n'a pas souhaité réagir et les deux derniers
établissements concernés n'ont pas répondu aux sollicitations.
L'UFC-Que Choisir s'est également intéressée à la politique
en la matière sur les lieux de vente. Selon l'association de consommateurs, qui
avait mené une enquête similaire en 2009, les propositions de crédit
renouvelable ont baissé (36,6% des cas) mais plus de trois-quarts d'entre elles
(78%) ne sont pas assorties d'une offre alternative de crédit amortissable.
Elle regrette également que les cartes de fidélité soient
dans 75% des cas assorties d'un crédit renouvelable. « La moralisation
supposée par la baisse de la vente de crédits renouvelables se fait en
trompe-l'oeil puisqu'il y a en réalité un transfert du crédit renouvelable vers
les cartes de fidélité », a fait valoir le chargé de mission banque et
assurance Maxime Chipoy, parlant d'un "tour de passe-passe".
L'association souligne en outre qu'aucune étude sérieuse de
solvabilité du client n'a lieu dans 85% des cas (93% en 2009).
Cinq de ses antennes locales ont aussi porté plainte contre
des magasins des groupes Carrefour, But, Fly et Cora "pour défaut d'offre
alternative".
L'UFC-Que Choisir a également envoyé son étude à la
Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression
des fraudes afin qu'elle "fasse à son tour des enquêtes de terrain",
a indiqué M. Chipoy.
L'UFC-Que Choisir demande l'interdiction de la vente de
crédit renouvelable sur le lieu de vente, la séparation entre cartes de
fidélité et cartes de crédit renouvelable, la vérification de la solvabilité
par des pièces justificatives à partir d'un emprunt de 1.000 euros et
l'interdiction du démarchage en matière de crédit.