Kevin, élève du lycée de Kyoto, à Poitiers, devait être
expulsé par avion vers Kinshasa, le 19 avril. Les passagers se sont mobilisés.
Le vol est parti sans lui.
Il devait rejoindre la République démocratique du Congo
hier. Contre son gré. Les passagers du vol Air France à destination de Kinshasa
ont torpillé l’opération. Pendant deux heures de forte tension, le face-à-face
s’est poursuivi avec les forces de l’ordre pour empêcher l’expulsion de Kevin
Kimpéfé, un lycéen poitevin de 19 ans.
Devant la mobilisation des passagers, Kevin a été débarqué
de l’avion, ainsi qu’un passager, arrêté pour rébellion. « Il n’est pas le seul
à s’être mobilisé pour empêcher l’expulsion », explique Malika du collectif
Réseau éducation sans frontière de Seine-et-Marne. « Nous étions six à
l’aéroport pour sensibiliser les passagers du vol à la situation de Kevin. Ce sont
des gens qui rentraient dans leur pays, mais aussi des Européens. Nous leur
avons dit qu’il n’avait plus de famille proche là-bas. Ils veulent le renvoyer
chez un oncle. » Une fois dans l’avion, plusieurs passagers se sont alors
levés, indique la militante de RESF. « Ils ont refusé de s’asseoir, empêchant
le décollage de l’avion. » « Kevin était au fond de l’avion, il n’a pas cessé
de crier, de protester », assure de son côté la Cimade. Les forces de l’ordre
qui entouraient l’avion sont montées à bord.
« La police a fait pression sur les passagers qui se
mobilisaient pour leur faire peur. Elle leur a dit qu’ils pouvaient faire
l’objet de poursuites », raconte la militante de RESF. Finalement, Kevin a été débarqué
de l’avion par les forces de l’ordre. Un passager a été interpellé pour
rébellion. L’avion est reparti avec deux heures de retard. Un succès…
provisoire pour les soutiens du lycée poitevin. Depuis le 26 mars dernier, il
se trouve en rétention administrative au centre du Mesnil-Amelot, près de
l’aéroport de Roissy. La préfecture de la Vienne a mis à exécution une
obligation de quitter le territoire français prise à son encontre du jeune
homme. Elle était motivée, expliquait la préfecture, par le casier judiciaire
du jeune homme. Un argument balayé par les soutiens du jeune homme, assurant
que c’était du passé, qu’il s’investissait désormais dans ses études suivies
avec assiduité en Terminale bac pro hôtellerie. Il devait passer son bac en
juin prochain. Toutes les procédures lancées pour contrer l’expulsion ont
échoué. « Normalement, le vol n’ayant pas été annulé, il n’y avait pas de
raison qu’il parte en garde à vue. Actuellement, il y a beaucoup moins de
procédures de ce type au tribunal de Bobigny. En plus, c’était son premier vol,
il est revenu en rétention », indique la Cimade du Mesnil-Amelot. Un nouveau
rendez-vous était calé aujourd’hui avec le juge de la liberté et de la
détention. Il doit à nouveau statuer sur la prolongation de la rétention administrative.
Elle peut durer jusqu’à quarante-cinq jours. « C’est de l’acharnement contre un
jeune qui doit passer son bac », déplorent ses soutiens.
Source : Groupe Pavillon Noir