En ce jeudi 19 avril 2012, quoi de neuf en ce monde ??? Patron d'une PME prospère, Charif K. a dû
licencier ses 13 employés après avoir essuyé un refus de renouvellement de sa
carte de séjour. Charif K. est arrivé en France en 2004 avec seulement 50 euros
en poche. Mais cet Algérien de 33 ans avait la ferme volonté de s'en sortir.
«J'avais une chambre à 123€ par mois, alors j'ai fait des petits boulots sur
les marchés» raconte-t-il. Cinq années plus tard, il décide de créer son
entreprise spécialisée dans les télécommunications.
Sans papiers et en attendant d'être régularisé, sa seule
solution - conformément au droit hexagonal - est d'être propriétaire des parts
de l'entreprise. Il prend un associé de nationalité française pour assurer la
gestion de la société. En juillet 2011, il bénéficie d'un récépissé qui
régularise sa situation jusqu'en janvier 2012. Il en profite pour reprendre les
commandes de l'entreprise.
Depuis sa création, l'entreprise située à Ivry-sur-Seine a
réalisé plus de 500.000 euros de chiffre d'affaires. Charif a recruté 13
personnes et formé plusieurs jeunes des quartiers défavorisés, auxquels il a
voulu donner une première chance. «Je veux les faire bosser, leur faire tirer
des câbles» explique-t-il. Il est aussi formateur auprès du Pôle Emploi.
Il voyait même plus loin que les frontières françaises pour
le développement de son entreprise: Charif devait aller au Canada pour
conquérir de nouveaux marchés. Dernièrement, il était en Asie: «j'ai envie de
représenter le Made in France à l'étranger» affirme le trentenaire.
Mais la success story de sa petite entreprise prend fin.
Anticipant l'expiration de son récépissé, il fait la démarche pour le faire
renouveler. Le 22 novembre 2011, il dépose sa demande à la préfecture du
Val-de-Marne. Trois jours plus tard, il reçoit une lettre lui intimant de
quitter le territoire dans les 30 jours. Sans pouvoir comprendre, car la préfecture
n'a pas d'obligation de motiver sa décision. Le chef d'entreprise dépose alors
un recours contre la décision du préfet. Celui-ci avait 15 jours pour répondre.
Plus de 2 mois après, son dossier n'a pas évolué.
Début avril, Charif est donc obligé de se séparer de ses 13
employés. Il vend aussi les bureaux de son entreprise. «Je suis prêt à en
racheter si ma situation se régularise» s'empresse-t-il d'ajouter. Jusqu'au
bout il tente de faire vivre sa PME. «Pour payer les factures de l'entreprise,
j'ai vendu ma voiture personnelle.» «J'ai construit plus de choses ici qu'en
Algérie» En attendant une réponse à son recours, Charif, marié et père d'un
enfant de 22 mois, vit dans l'angoisse d'être expulsé en Algérie.
Le député-maire d'Ivry sur Seine, Pierre Gosnat (PCF)
connait bien le dossier. Il est déjà intervenu précédemment pour faire
prolonger les papiers de l'entrepreneur, d'habitude avec succès. «Il serait
paradoxal que ce chef d'entreprise se voit refuser le bénéfice d'une
régularisation qui risque d'entraîner la fermeture de sa société» note l'élu. «Il
s'est engagé sur ma commune, sur le plan économique et social en créant une
société qui poursuit une mission d'insertion professionnelle» ajoute Pierre
Gosnat.
Dans sa lettre de recours, l'avocate de Chafik, Me
Marie-Anne Soubré a fait valoir que le chef d'entreprise était formateur de
chômeurs, qu'il s'engage à recruter. C'est lui «seul qui est à l'origine de la
réussite indéniable de cette société» souligne-t-elle. Charif est amer. «J'ai
mes habitudes en France, j'ai construit plus de choses ici qu'en Algérie»
conclut-il, inquiet de son avenir.
Voila encore un jour en ce beau monde….allez allez circulez
il y a rien à voir.