Le voyage du roi Juan Carlos, parti chasser l'éléphant au
Botswana, fait des vagues en Espagne, dans un pays rattrapé par la crise de la
dette où un jeune sur deux est sans emploi. La presse espagnole s'indigne
notamment du coût élevé du safari.
Selon le quotidien «El Mundo», celui-ci aurait coûté 30.000
euros. La Maison royale, qui promettait il y a trois mois de publier ses
revenus après l'inculpation du gendre de Juan Carlos pour une affaire de
corruption, aurait en outre fait preuve de manque de transparence à ce sujet.
Ainsi, le voyage, qui a eu lieu la semaine dernière, serait
resté secret si le roi ne s'était fracturé la hanche en trébuchant sur une
marche, ce qui a nécessité son rapatriement d'urgence à Madrid. Juan Carlos,
âgé de 74 ans, y a été opéré samedi matin.
Lors de son message de Noël, le monarque avait appelé les
dirigeants espagnols à se montrer exemplaires dans un pays plombé par la crise
et miné par l'austérité.
«C'est un voyage irresponsable, effectué au pire moment»,
commentait dimanche l'éditorialiste d'»El Mundo». «Le spectacle d'un monarque
chassant les éléphants en Afrique alors que la crise économique dans notre pays
provoque tant de problèmes pour les Espagnols est un très mauvais exemple.»
La plupart des quotidiens et chaînes de télévision ont
diffusé l'image de Juan Carlos posant devant un éléphant mort, prise lors d'un
précédent voyage au Botswana en 2006.
Par ailleurs, relate «l'Express», le roi est président
d'honneur du WWF Espagne. L'affaire met donc passablement mal à l'aise l'ONG.
Dans un tweet, WWF affirme qu'il «fera parvenir à la Maison
royale ses commentaires et renouvelle son engagement pour la sauvegarde des
éléphants».
Une pétition demandant la démission du roi de son poste de
président d'honneur du WWF Espagne a recueilli plus de 40'000 signatures, selon
le forum Actuable sur lequel elle a été postée.