Plusieurs réclamations ont été déposées ce dimanche par des
électeurs du Gard et du Vaucluse auprès du Conseil constitutionnel, pour que
soient déclarés nuls les suffrages exprimés au moyen des bulletins «Eva Joly»
et «Marine Le Pen», indiquent par communiqué deux avocats à l’origine de cette
réclamation.
En cause, le fait que «conformément aux dispositions
légales, le bulletin de vote ne doit comporter que le nom et le prénom du
candidat», explique le communiqué. Or Eva Joly, selon son état civil et «sous
réserve de confirmation», s’appelle officiellement Gro Eva Farseth, tandis que
Marine Le Pen porte sur son état civil le nom de Marion Anne Perrine Le Pen. Et
les deux avocats de rappeler les textes de loi qui, selon eux, exposeraient les
deux femmes à un passage devant le tribunal correctionnel: l’article 1 de la
loi du 6 fructidor de l’an II, «toujours en vigueur», l’article 88-1 du code
électoral et 433-19 du Code pénal.
Les avocats précisent qu’évidemment, ils ne doutent pas de
l’identité réelle des deux candidates, mais s’érigent plutôt contre
l’irrégularité que représente le fait de se présenter à un scrutin avec un nom
modifié. Ils s’étonnent en particulier que, «le même jour, deux candidates ont
pu à la fois voter et se présenter sous deux identités différentes».
S’ils n’espèrent pas forcément invalider l’élection, les
plaignants veulent pointer du doigt avec leurs réclamations un problème qu’ils
présentent comme «pas si anecdotique qu’il y paraît de prime abord.» D’abord
parce que «si Marion Le Pen avait accédé au second tour de la présidentielle,
il est fort probable que tous ces arguments auraient été utilisés par les
candidats qui auraient alors été évincés», écrivent les avocats. Ensuite parce
que ce problème de patronyme «concerne, outre les deux désormais ex-candidates,
tous les élus en place de la République qui signent quotidiennement des actes
publics en usant de nom et/ou de prénom ne correspondant pas à ceux de leur état
civil».