Plusieurs dizaines de militants pro-palestiniens ont
manifesté dimanche à Roissy-Charles-de-Gaulle après s'être vu refuser leur
enregistrement par des compagnies aériennes, leur nom figurant sur une liste de
"personnes indésirables" communiquée par Israël. Les manifestants,
arrivés dès 5 heures au terminal 1 de Roissy-CDG, souhaitaient embarquer, pour
certains, à bord de vols Lufthansa et Swiss Air à destination de Tel-Aviv, afin
de se rendre à Bethléem dans le cadre de l'opération "Bienvenue en
Palestine". Ils ont été refoulés avant leur embarquement, conformément à
une demande en ce sens des autorités israéliennes.
"Aujourd'hui, le check-point est à Paris !" ont
scandé les manifestants, encadrés par plusieurs dizaines de CRS, avant de se
diriger vers le comptoir de la compagnie Lufthansa pour demander une
"attestation écrite officielle" leur expliquant les raisons de leur
interdiction de vol. Certains agitaient des drapeaux palestiniens ou des
pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Roissy, territoire
palestinien" ou "Paris aux ordres d'Israël !". "Notre
mouvement est totalement pacifique. Mais malheureusement, on continue de nous
considérer comme des fauteurs de troubles", a déploré Olivier Buchotte,
l'un des organisateurs en France de "Bienvenue en Palestine", selon
qui "plusieurs dizaines de personnes" se sont vu opposer un refus
d'embarquement.
"On a l'impression que les frontières d'Israël se
trouvent désormais à Roissy. C'est une atteinte à notre liberté de
circulation", a-t-il dénoncé. Selon un sympathisant pro-palestinien,
Romain Lauféron, une manifestation a également eu lieu à l'aéroport de
Bâle-Mulhouse, où des militants se sont vu refuser l'embarquement à bord d'un
vol Easyjet. "Nous avons bloqué le comptoir de la compagnie, en guise de
protestation", a-t-il assuré. Les militants pro-palestiniens interdits d'embarquement
avaient été avisés dès jeudi par les compagnies aériennes qu'ils ne pourraient
s'envoler pour Tel-Aviv. Ils ont décidé de venir malgré tout dans les aéroports
concernés, pour "dénoncer cette décision".
"On nous a prévenus, mais sans nous fournir d'explications",
a assuré Sylvie Deplus-Ponsin, médecin de 63 ans, membre de la Ligue des droits
de l'homme. "Je suis mère, grand-mère, je n'ai rien à mon casier
judiciaire... Mon engagement est pacifique, c'est sans ambiguïté",
a-t-elle ajouté, jugeant "incompréhensible" l'annulation de sa
réservation. L'opération "Bienvenue en Palestine", mise en place pour
la troisième année consécutive, consiste pour 1 500 militants, dont 500 à 600
Français, à se rendre à Bethléem, dans les territoires palestiniens, pour
inaugurer une école internationale.
Lors de la première opération, en 2010, une centaine de
militants, selon les organisateurs, avaient réussi à gagner la Cisjordanie.
Mais Israël avait pris l'été dernier des mesures drastiques pour empêcher
l'opération et avait réussi à dissuader les compagnies aériennes d'embarquer
les militants au départ.