Une dizaine d’heures de ménage par semaine, une rémunération
en grande partie en liquide et une seule feuille de salaire en quelques mois.
Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, est soupçonné
d’avoir employé une jeune femme mauricienne sans papiers sans la déclarer.
C’est Libération qui porte l’accusation ce lundi. Le
ministre s’est reconnu dans le documentaire Les sans-papiers de la
République diffusé sur Canal + le 2 avril, et dont Libération s’était fait
l’écho dans ses colonnes. Pierre Lellouche, qui n’était pas cité dans le
documentaire, a choisi de riposter en se dévoilant, pour mieux essayé de se dédouaner.
«Elle travaille chez moi depuis quelques mois, et je l’ai toujours déclarée.
J’ignorais qu’elle était en situation irrégulière», soutient-il auprès du
journal. Sauf que la Mauricienne a été déclarée… le lendemain de la diffusion
du documentaire de Canal+, comme en attestent cinq bulletins de salaire,
d’octobre 2011 à février 2012, tous datés du 3 avril.
Un membre du cabinet de Pierre Lellouche s’attribue alors
l’erreur: «Tout est de ma faute», indique-t-elle à Libération, «j’ai été
négligente. J’ai envoyé les déclarations Urssaf en retard».Bin voyont et la
marmotte …..Cependant, d’après la CGT Paris, la jeune femme n’est pas employée
depuis «quelques mois» comme le prétend le secrétaire d’Etat, mais depuis 2009
et «sous alias». Cette «technique très répandue chez les sans-papiers» consiste
à «déclarer une personne en règle, celle-ci reversant ensuite la somme en
liquide à celle qui a effectivement travaillé», explique Libération.
Pierre Lelouche dément formellement ces allégations. «Toute
cette histoire n’est qu’une manipulation grossière dont on voit bien la
finalité à une semaine de l’élection présidentielle», proteste-t-il. «Comment
pourrait-on imaginer qu’un homme public comme moi prendrait le risque de ne pas
déclarer sa femme de ménage, tout ça pour 160 euros par mois?»
La CGT n’entend pas en rester là, et envisage d’intenter une
action devant les prud’hommes pour «non-versement des cotisations salariales
lié au travail dissimulé». Quant à la jeune femme, sa demande de régularisation
est en cours d’examen. Et après dix ans de présence de présence sur le
territoire, sa requête pourrait bien être validée.