En redressement judiciaire, la Fonderie du Poitou Aluminium
(FDPA) d'Ingrandes, dans la Vienne, sera reprise par le groupe Saint Jean
Industries, a ordonné le tribunal de commerce de Nanterre ce jeudi 19 avril. Mais
cela se fait sur fond de polémiques.
En visite de campagne sur le site de FDPA, Zebulon 1er avait cru bon annoncer dès lundi la reprise du fabricant de culasses,
sous-traitant de Renault (et rachetée en 2010 par le groupe Montupet, dont le
siège est à Clichy, dans les Hauts-de-Seine). La CGT avait aussitôt relativisé la
déclaration du président-candidat «venu à son initiative annoncer ce qui était
déjà prévu.
Mais la polémique vient surtout de Michèle Picard, maire de Vénissieux
(Rhône), qui s'en est prise vivement au repreneur, dénonçant des pratiques de
«Monopoly financier» dans un communiqué publié mercredi. «Je comprends
l'amertume, la colère, le dégoût et le sentiment de profonde injustice que
doivent ressentir aujourd'hui les 108 salariés de la fonderie de Vénissieux,
licenciés brutalement et sans vergogne il y a 3 ans par le même groupe
Saint-Jean Industries et son PDG Emile Di Serio», écrit notamment l'édile.
Michèle Picard critique en particulier la politique de
rachats pratiquée selon elle par le groupe rhôdanien. «Depuis 2009,
poursuit-elle, le chiffre d'affaires du Groupe Saint-Jean Industries a
quasiment doublé, passant de 90 millions d'euros à 177 en 2011, rachetant à
tout va des entreprises aux Etats-Unis, en Norvège, en Allemagne ou encore en
Suisse. Si on ne le savait déjà, ces décisions prouvent rétrospectivement que
le groupe d'Emile Di Serio avait les moyens de garder, d'investir et de
moderniser la fonderie de Vénissieux.» Accusant Saint-Jean Industrie d'avoir
sous-investi dans la fonderie de Vénissieux et laissé pourrir la situation,
elle de «mascarade», de «tour de passe-passe insupportable» et d'«injustice».
C'est donc ce groupe qui n'aurait rien d'un chevalier blanc
qui vient de reprendre la Fonderie du
Poitou. La direction a elle aussi déposé un plan de continuation devant le
tribunal de commerce, mais il est massivement rejeté par les représentants des
salariés. Quatre autres offres n'ont pas paru réalistes ou ont été abandonnées,
la dernière en date, celle du groupe Arche, ce week-end. Depuis le placement en
redressement judiciaire, le 20 octobre, par le tribunal de Nanterre, les 455
salariés réclament leur réintégration au sein de Renault, qui a créé l'usine en
1979 avant de la revendre en 1998.
Devant le silence de Renault, les salariés exigeaient depuis
plusieurs mois que le constructeur s'engage à commander jusqu'à un million de
culasses en 2015 - volume nécessaire pour assurer la viabilité de FDPA, selon
eux - afin de favoriser les propositions de repreneurs potentiels. Le 14 mars,
lors d'une audience de procédure, Renault a finalement promis de tels volumes
de commandes.