Arrivés en juin, quelques dizaines de Roms se sont depuis
installés à Petite-Synthe, là où doit se construire le futur centre aquatique.
Mais cette solution négociée entre la CUD et plusieurs associations arrive à
son terme alors que les travaux se rapprochent. Sans solution de repli pour le
moment.
Sylvie Desjonquères s'en souvient très bien. En juin, une
vingtaine de Roms avaient « débarqué » dans la communauté Emmaüs de
Grande-Synthe, envoyés là par le CCAS de Dunkerque. Pour la présidente
d'Emmaüs, impossible de les héberger sur le long terme, les statuts de la
communauté et la cohabitation avec les compagnons ne le permettant pas.
Il avait fallu quelques semaines de flou avant qu'une
solution ne soit trouvée avec la CUD. Direction Petite-Synthe, près du
Pont-à-Curé, où la construction à venir du centre aquatique avait libéré des
terrains.
Depuis, le petit groupe s'est agrandi. Une cinquantaine de
Roms, tous originaires du même village de Roumanie, vivent aujourd'hui dans la
dizaine de caravanes du campement fournies par Emmaüs. « Il faut plutôt parler
de survie, corrige cependant Sylvie Desjonquères. Les conditions sont très
dures. On avait réussi à leur procurer de l'électricité, mais ça a été coupé
dès la fin de la trêve hivernale. »Surtout, insiste la présidente d'Emmaüs, le
camp est très bien tenu et les relations avec les quelques voisins pas encore
expropriés se passent bien. « Ça fait partie des conditions, insiste-t-elle
encore. Ils ont des obligations et s'ils ne les respectent pas, on coupe tout.
» Mais à l'intérieur du camp de Petite-Synthe, difficile d'imaginer que des
enfants aient pu passer l'hiver ici. Dans les caravanes, le gaz reste allumé en
permanence pour se réchauffer tandis que les enfants servent de traducteurs à
leurs parents, dans l'impossibilité de travailler du fait d'une législation
française particulièrement dure pour les ressortissants roumains ou bulgares.
La situation désole Sylvie Desjonquères mais aujourd'hui,
c'est un autre problème qui l'inquiète. Alors que les travaux du futur centre
aquatique approchent, aucune solution n'a été proposée pour reloger les Roms. «
On n'arrive pas à savoir ce qui va se passer. On nous avait dit qu'ils
devraient partir au printemps et nous y sommes », regrette la présidente
d'Emmaüs. Et pourtant, les associations avaient pris les devant : « On a envoyé
un courrier commun au président de la CUD il y a deux mois. On attend toujours
une réponse », raconte Michel Candat, du MRAP, lui aussi très impliqué dans
l'aide apportée aux Roms. Un silence qui étonne les responsables associatifs
alors que, de l'aveu même de Sylvie Desjonquères, ils ne demandent rien d'autre
que « de pouvoir se mettre autour d'une table pour discuter de leur situation ».
Dans la tête de Sylvie Desjonquères, pourtant, une solution
est possible : « On aimerait un projet d'insertion, comme ça s'est fait dans
d'autres villes. Le deal, c'est "donnez-nous un terrain, de l'électricité
et on s'occupe d'eux". » Une issue d'autant plus nécessaire que la
scolarisation des enfants se passe bien.
Source : Voix Du Nord