Le 4 avril dernier, un iranien a commencé une grève de la
faim au centre de rétention de Coquelles (Calais). Il doit être déporté en
Hongrie (1) un pays où il n’a jamais été – selon les accords Dublin II. Il
refuse de manger jusqu’à sa libération ou sa mort. Il demande justice.
Son état se détériore et jusque hier (7 avril) il refusait
également de boire. Tandis que l’infirmière du CRA (2) ne veut faire aucun commentaire sur son état
de santé, les activistes de Calais Migrant Solidarity qui lui ont rendu visite
disent qu’il est pale, faible et pris de vertiges.
Les officierEs de Coquelles refusent d’admettre que la grève
de la faim est un acte politique. Ils la faire passer pour de la folie. Ils ont
également refusé que les visiteurEs le voient avec son ami anglophone (qui aide
à la traduction). Sa liberté d’expression est donc entravée, oppression
supplémentaire.
Il est détenu depuis 23jours, mais cette détention peut
durer jusqu’à 45 jours sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui
(seulement sa situation administrative). Il décrit dans une lettre à celles et
ceux qui se trouvent à l’extérieur du centre ce qu’est la rétention à Coquelles
: « Je vis les mêmes oppressions physiques et psychologiques qu’en Iran, bien
qu’il [le gouvernement français] s’autoproclame défendeur des droits humains.
Est-ce que ce sont des droits humains de nous mettre en prison et de nous
traiter comme des animaux ?... »
Les autorités hongroises emprisonnent presque sans exception
touTEs les demandeurEs d’asile qu’elles « reçoivent », pouvant les détenir
jusqu’à 12 mois. Elles emprisonnent aussi ceux et celles qui ont été déportéEs
en Hongrie selon les accords de Dublin II. Le comité Helsinki (3) a rendu
compte de cas d’automutilation et de violences policières récurrentes à
l’intérieur des CRA4 <#sdfootnote4sym>.
Cette grève de la faim n’est pas un cas isolé. Partout dans
le monde des personnes sans papiers refusent de s’alimenter pour protester
contre la répression et les détentions à répétition qu’ils subissent. En
Belgique, 23 personnes sans papiers en sont à leur 83eme jour de grève de la
faim (5) . Historiquement, les grèves de la faim ont souvent été utilisées
comme des formes de protestations intéressantes pour mettre en lumière la
répression et l’injustice.
L’oppression systématique des personnes sans papiers est une
réalité quotidienne en Europe. Cette personne a fuit l’Iran pour rester en vie
et a souffert en détention en France ; si il est déporté en Hongrie, il va
continuer à vivre sans liberté. Son état de santé se détériore tant que sa
grève de la faim continue. Il espère que les gens ne vont pas l’oublier.
Calais Migrant Solidarity
Pour plus d’informations et des lettres de soutien:
(1) Dublin II Regulation 2003 http://europa.eu/legislation_summaries/justice_freedom_security/free_movement_of_persons_asylum_immigration/l33153_en.htm (loi relative a la circulation des migrantEs)
(2) Centre de rétention administratif = prison pour personnes sans papiers.
(3) Comité hongrois de soutien aux migrantEs et d’observation de la détention.
(4) Hungarian Helsinki Committee, Stuck in Jail: Immigration Detention in Hungary (2010), April 2011, available at: http://www.unhcr.org/refworld/docid/4ed77ea72.html [accessed 7 April 2012]
(5) http://www.lesoir.be/debats/cartes_blanches/2012-04-04/faire-greve-de-la-faim-ce-n-est-pas-du-chantage-907102.php